Que le MSP quitte la maison, qui depuis sept ans le nourrit et le légitime, peut de prime abord paraître audacieux. Comme se retourner contre l'homme qui a largement ouvert au parti les portes du gouvernement et des institutions de l'Etat. Mais en réalité, il n'y a aucune témérité dans la décision du madjlis echoura de quitter l'Alliance présidentielle comme il n'y a de sa part aucune trahison de Bouteflika. Bouguerra Soltani et ses troupes ne font que s'inscrire dans une nouvelle stratégie politique du chef de l'Etat, destinée aux legislatives de mai 2012. C'est à la demande de ce dernier que le MSP a quitté l'Alliance présidentielle (dont la mission est achevée) et c'est avec le président de la République que le parti islamiste entend poursuivre son chemin politique.
Bouteflika lui confectionne un autre destin, bien plus avantageux que l'actuel qui le cantonne à la troisième place, derrière le FLN et le RND. Le MSP pourrait meme supplanter ces deux formations qui ne répondent plus aux exigences de l'heure qui est l'arrivée des islamistes au pouvoir au Maghreb et au Proche-Orient. Locomotive d'un large front islamiste, le MSP se verrait octroyer lors de la prochaine legislature un score confortable. Ce n'est pas un hasard si tout dernièrement, Belkhadem a évoqué le taux de 40% des sièges : partie prenante de cette nouvelle stratégie, le secrétaire général du FLN abandonnerait sa formation ' qu'il a proprement dynamitée ces dernières années ' pour assouvir enfin sa grande ambition : évincer les autres leaders islamistes, se porter à la tête d'une large mouvance islamo-conservatrice et ravir, le moment venu, à Bouteflika le poste de president de la République.
Devenir l'Ergdogan algérien, c'est son rêve et son projet ; il serait salué comme l'est le chef d'Etat turc aussi bien par les Etats-Unis et les Européens que par tous les Etats arabes soulagés que l'Algérie puisse emboîter le pas à la Tunisie, à la Libye ou au Maroc et ne tombe ni dans l'escarcelle des salafistes ni dans celle des démocrates. Une Algérie qui enterrera définitivement la page de l'intégrisme violent et conquérant et qui, en même temps, mettra fin à l'ambition caressée depuis plus cinquante années par de larges pans de sa société de voir émerger une société moderne, laïque et plurielle. Ce projet-là, Bouteflika le construit depuis le début de son règne, d'abord par la concorde civile puis par la réconciliation nationale, parallèlement à la répression tous azimuts de l'opposition démocratique. Conjoncture régionale aidant, il n'a plus qu'à faire jouer dans cinq mois les deux bottes secrètes (du régime) que sont le système des quotas et la fraude électorale pour faire émerger son Parlement type.
Posté Le : 03/01/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali Bahmane
Source : www.elwatan.com