Algérie

Une feuille de route post-printemps arabe



Une feuille de route post-printemps arabe
L'intervention militaire de l'Otan en Libye était une erreur, qui a eu des répercussions sur la stabilité de l'Afrique du Nord, notamment dans le Sahel, mais aussi dans la région du Moyen-Orient. C'est la conclusion des travaux du Forum stratégique sur les menaces transnationales en Afrique du Nord, organisé à Alger du 3 au 5 juin, par le Centre américain des études stratégiques pour le Proche-Orient (NESA), en coordination avec le ministère des Affaires étrangères. Cette rencontre, qui s'est tenue à huis clos et qui a vu la participation de près de 60 experts, a été une opportunité pour analyser et débattre des stratégies visant à relever les défis sécuritaires, notamment dans la région du Sahel, et ce, après le « printemps arabe ». Le directeur du NESA, David Lamm, a souligné que les experts participants ont abordé les principaux défis sécuritaires avec l'objectif de trouver des réponses concrètes. L'expert américain a déclaré que « l'intervention militaire en Libye a provoqué l'instabilité dans la région, en l'absence d'institutions dans ce pays ». D'ailleurs, la situation qui prévaut dans ce pays a été largement analysée par les experts. Ils ont évoqué, dans leurs interventions, notamment à travers la communication « intervention libyenne, un catalyseur ' », les répercussions négatives de cette guerre sur l'ensemble de la région. Il est à rappeler que l'Algérie s'était fortement opposée à l'intervention militaire en Libye et avait mis en garde contre ses conséquences catastrophiques. David Lamm a plaidé pour le renforcement de la coopération entre les pays de la région de l'Afrique du Nord mais aussi avec la communauté internationale « afin de faire face aux défis sécuritaires et aux menaces transnationales ». Il a précisé que cette coopération consiste, notamment, en une coordination en matière d'échange de renseignements.Le professeur Tyler Raneaud, expert américain au centre NESA, a mis l'accent sur le rôle de l'Algérie dans la sécurité de la région. Dans une déclaration en marge du forum, il a souligné que l'Algérie, outre son expérience dans la lutte contre le terrorisme, est le seul pays dans la région à jouir de stabilité politique et d'une situation économique confortable. Reste qu'il s'est dit inquiet de la porosité des frontières dans cette région qui engendre une circulation à grande échelle des armes. « La circulation des armes est inquiétante. Elle constitue une menace pour toute la région », a-t-il précisé. Un autre thème a été également évoqué lors du forum. Il s'agit du retour des djihadistes de la Syrie vers leurs pays d'origine. « C'est un sérieux problème qui doit être pris en charge », a observé le directeur du NESA. Une première solution a été proposée par Tyler Raneaud, à savoir un dialogue avec ces ex-combattants. « Il faut chercher des mécanismes efficaces pour leur intégration sociale. Cette question concerne tous les pays de la région, et il est urgent de réfléchir à des moyens de réintégration adéquats », a-t-il préconisé. En outre, l'expert a appelé au développement économique des pays défavorisés à travers des projets concrets. « On ne peut pas assurer une stabilité et lutter contre les origines de la violence sans développement économique », a-t-il enchaîné. Il a également appelé au renforcement de la coopération politico-sécuritaire entre les pays de la région. L'expert algérien en énergie, Mourad Preure, a affirmé que le « printemps arabe s'est traduit par une situation particulière ». « On a rompu un équilibre politique sur le plan géopolitique dans la région. Des Etats ont perdu le contrôle de leurs territoires suite à l'effondrement de l'Etat libyen, ce qui a conduit à l'afghanisation de la région du Sahel. Le nord du Mali est livré à lui-même », a-t-il rappelé. Cette situation a eu des répercussions sur la sécurité de la région, notamment avec la connexion entre le terrorisme et le crime organisé. Pour l'expert algérien, « l'Algérie n'est pas à l'abri des menaces transnationales puisqu'elle est au centre de ces situations », a-t-il signalé.La Libye passe par une période difficile et sensible. Des changements rapides sont constatés quotidiennement, notamment sur le plan sécuritaire. « La situation exige, plus que jamais, la conjugaison des efforts de la communauté internationale pour le rétablissement de l'ordre dans la région et la sécurité aux frontières », a déclaré le représentant de la Libye dans ce forum, le colonel Nouri Maghier. Il a affirmé que son pays a besoin de l'assistance de la communauté internationale, notamment pour la reconstruction des institutions militaires et sécuritaires, « affaiblies par les événements du printemps arabe ». L'officier supérieur a mis l'accent sur le rôle de l'Algérie qui « est primordial dans la sécurité régionale, vu les capacités de son armée et de ses corps de sécurité », a-t-il souligné.La chercheuse et enseignante universitaire tunisienne Khadidja Arfaoui a appelé à l'implication de la société civile, des chercheurs et des universitaires dans les plans d'action des gouvernements des pays de la région. « La coopération internationale est devenue une exigence après le printemps arabe. En Tunisie, on est en train de corriger les erreurs du gouvernement d'Ennahda », a-t-elle signalé. Elle a également évoqué la bonne coopération sécuritaire entre l'Algérie et la Tunisie mais qui doit s'élargir notamment avec l'avancée du groupe terroriste nigérian, Boko Haram, au Niger. La chercheuse tunisienne a insisté sur la nécessité de s'attaquer aux parties qui financent les groupes terroristes dans la région du Sahel. « Il faut les dénoncer et prendre des mesures sévères contre ces parties, y compris des pays qui ont un plan de déstabilisation de la région pour des intérêts bien définis », a-t-elle précisé. Pour plusieurs experts nationaux et étrangers, l'allocution du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, « a été une feuille de route » pour ce forum.




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