L'affaire Staruss-Kahn a révélé que les hommes
ne devraient pas être égaux devant la loi. Ceux de la secte doivent rester au-dessus.
Choquée. La France
est choquée. Et toute l'Europe avec elle. L'affaire DSK a dépassé les limites
de l'entendement. Comment peut-on traîner dans la boue un homme de si bonne
famille, si bien éduqué, à la tête d'une si prestigieuse institution, marié à
une si belle femme, disposant de tels réseaux, avec de si belles fréquentations,
et, de plus, promis à un si bel avenir ? L'homme était si brillant, si intelligent,
si efficace, que l'humanité ne pouvait s'en passer.
C'était un mokh,
un vrai. A entendre les commentateurs européens, et en premier lieu français, l'humanité
ne se relèvera pas de la chute de Dominique Staruss-Kahn.
Sa famille est tellement admirable ! Sa formation politique, le parti
socialiste, perd son champion, le favori des sondages, l'homme que l'opinion
française suppliait presque de devenir président de la République, comme le
montrent les sondages qui le plébiscitent depuis des mois.
Et puis, son Å“uvre ne se limitait pas à la seule France. C'est toute
l'humanité qui tirait profit de son talent inégalé. N'a-t-il pas joué un rôle
clé dans le sauvetage de l'économie mondiale ? Ne dirige-t-il pas le FMI, cette
institution internationale qui a sauvé la Grèce et l'Irlande, et qui, tel un médecin de
famille, veille sur les éléments les plus fragiles de la famille internationale
? Un tel homme peut être « séducteur, sûrement ; charmeur, ami des femmes et
d'abord, de la sienne, naturellement ; mais ce personnage brutal et violent, cet
animal sauvage, ce primate, bien évidemment non, c'est absurde », proteste un
éminent philosophe, qui n'hésite pas à tirer à boulets rouges sur la presse et
sur le système judiciaire américain.
En fait, cette attaque s'est
transformée en une ligne de défense adoptée par les hommes les plus influents
d'une sorte de secte, qui ont brusquement découvert la brutalité du système
judiciaire américain. Qu'est ce système assez horrible pour montrer un homme si
charmant, menottes aux poignets, à la télévision ? Quelle image ! Et ces
photographes et caméramans qui se délectent de telles images, et ces chaînes de
télévision qui les retransmettent, quel manque de goût et d'éducation!Vue d'un
pays du Sud, cette indignation face à ce qui arrive à Dominique Strauss-Kahn, paraît
tellement fausse, tellement dérisoire, qu'elle confine au racisme. Elle donne
l'impression que c'est une protestation d'une secte d'hommes blancs, riches, puissants,
refusant qu'un des leurs soit traité comme le commun des mortels. Les
précédents sont là pour le prouver.
Il n'y a pas eu le même chÅ“ur de
protestations quand, il y a deux mois, Laurent Gbagbo,
ancien chef d'Etat de Côte d'Ivoire, adversaire, voire ennemi de la France, a été montré dans
une position dégradante. En maillot de corps, le regard perdu, ne semblant pas
encore réaliser ce qui lui arrivait, l'ancien chef de l'Etat ivoirien avait été
exhibé comme un modèle de dictateur déchu. Sa femme n'a pas, non plus, échappé
au lynchage. Mais ce traitement n'a pas suscité de protestation particulière. Aucun
commentateur en vue n'a insisté sur la présomption d'innocence, sur les droits
d'un détenu, ni sur l'éthique journalistique.
Bien avant Gbagbo,
Saddam Hussein avait été montré dans une posture encore plus dégradante, lors
de sa capture par les troupes américaines. Avec une longue barbe peu soignée, les
cheveux en désordre, il avait été lui aussi exhibé comme une bête qu'on
ausculte pour vérifier qu'elle ne porte pas une maladie particulière. Et puis, ce
déchaînement provoque un vrai malaise quand il s'agit de cette femme que le
directeur du FMI aurait tenté d'agresser. C'est une réfugiée africaine, originaire
de Guinée, femme de chambre, vivant à Harlem. Nombre d'intervenants semblent se
demander comment une Africaine, une noire, mère célibataire, arrivée depuis peu
aux Etats-Unis, bref, une femme du bas de l'échelle sociale, réunissant toutes
les tares du monde, comment une femme pareille, peut-elle se mettre sur la
route d'un homme qui a autant de mérites? On a même l'impression d'entendre
cette réflexion : Que n'a-t-elle passé l'éponge, gagné un gros billet comme
elle avait l'habitude de le faire et gardé le silence ?
Il y a quelques années, un des
fils Kadhafi avait été arrêté en Suisse pour avoir agressé des serviteurs
marocains. Comportement d'un rustre, d'un bédouin, unanimement condamné, à
juste titre. Pourtant, il n'y avait pas eu viol, ni aucune allusion à une
affaire sexuelle. Mais l'auteur de l'agression était un arabe. Il ne faisait
pas partie de la secte des grands de ce monde. Et le monde entier avait trouvé
juste qu'il soit jeté en prison. Décidément, les hommes ne semblent pas égaux
devant la loi. Il y a visiblement les membres de la secte et les autres.
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Posté Le : 21/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abed Charef
Source : www.lequotidien-oran.com