Algérie

Une faute politique et morale qui ne passe pas



De partout et de toutes les générations, des millions d'Algériens ont défendu l'honneur du vaillant chef révolutionnaire, considéré comme le symbole de la première Révolution libératrice, mais surtout brandi comme héraut de la seconde révolution.La disparition du héros de la guerre de Libération nationale Lakhdar Bouregâa a fait remonter à la surface la triste séquence intervenue le jour de son emprisonnement le 30 juin 2019 en pleine insurrection citoyenne. Un communiqué, rédigé et sorti tout droit de l'époque stalinienne, lu au JT de 20h de la télévision publique, a couvert d'opprobre le commandant de la Wilaya IV historique.
Comme si l'arrestation du maquisard ne suffisait pas pour l'escorter d'une écoeurante campagne visant à le discréditer. Les Algériens ont été doublement heurtés. Le communiqué lu avec aplomb en direct par le présentateur était effroyable.
Ce jour-là, la télé publique venait de commettre une faute politique et morale qu'aucune excuse ne pourrait effacer. Naturellement et sans trop se poser de questions, d'autres chaînes de télévision privées ont repris le même communiqué jetant le trouble dans la mémoire nationale.
Comment ce pas a-t-il été franchi ' Accuser le héros de la Mitidja d'"usurpation", de s'"être enrichi aux dépens des intérêts nationaux" de "fréquenter un parti aux positions douteuses quand il s'agit des questions patriotiques ..." est quelque chose d'impensable.
Cette séquence télévisuelle restera dans les annales comme l'une des abjectes méthodes utilisées pour réécrire l'histoire d'un homme au passé révolutionnaire authentique. Ce jour-là les martyrs se sont retournés dans leurs tombes.
Une tentative éhontée d'effacer de la mémoire collective nationale une page glorieuse écrite par Bouregâa et ses compagnons d'armes au péril de leur vie. Son implication dans la révolution du 22 Février était une caution historique et morale à cette jeunesse qui a repris le flambeau de ses aînés.
Le rôle jouait par "Âami Lakhdar" dans cette insurrection citoyenne avait beaucoup dérangé le pouvoir. Mais, était-ce une raison de le jeter en pâture au point de lui enlever sa qualité d'authentique maquisard ' Oui, ils ont osé le faire et avec la complicité des médias.
Mais pour leur malheur, les Algériens, partout et de toutes les générations, ont su et pu défendre l'honneur du vaillant chef révolutionnaire. Ils ont été des millions à le porter comme le symbole de la première révolution libératrice, mais surtout brandi comme héraut de la seconde révolution. Il était, aux côtés de Djamila Bouhired et de Louisa Ighil Ahriz, celui qui a assuré le lien entre les deux générations en lutte.
La tentative d'assassinat symbolique a lamentablement échoué. La machine propagandiste s'est fracassée sur l'implacable vérité historique. Il faut rappeler aussi à ce moment peu glorieux, que le silence de ceux que l'on considère comme "famille révolutionnaire" et les gardiens du temple de la guerre de Libération était assourdissant.
Il a fallu une forte pression de l'opinion pour voir la Fondation de la Wilaya IV historique pondre un timide communiqué dénonçant l'entreprise de destruction d'un homme qui a voué sa jeunesse à la libération du pays. Le héros Bouregâa, inébranlable, a pu tenir debout durant six mois d'emprisonnement. Il ressort avec dignité.
Au crépuscule de sa vie et sans rancune, il a poursuivi son combat sur le chemin de la liberté qu'il s'est tracé depuis 1956. Mais, ceux qui ont honteusement attenté à son honneur de commandant se sont faits tout petits.
En voyant, les messages et les hommages ? populaires et officiels ? adressés au défunt, ils devaient se rendre compte de leur forfaiture. Les jeunes qui ont accompagné le commandant à sa dernière demeure n'ont pas omis de rappeler ce triste épisode qui n'honore ni leurs auteurs et encore moins la mémoire nationale. Pour la mémoire, il est impérieusement nécessaire de rappeler ce moment peu honorable. À méditer.

R. N.


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