Algérie

Une faille : le manque de coordination entre les services de contrôle Transferts illicites de devises vers l'étranger



Interrogé sur la question des transferts illicites de devises, qui ont fait l'objet d'une instruction du Premier ministre au ministre des Finances lui demandant de prendre toutes les mesures pour renforcer le contrôle sur les transferts, un ancien banquier et financier a indiqué qu'il faudra « redonner confiance au dinar algérien » car cela permet de « lutter contre le marché parallèle ». Pour lui, « les devises transférées illicitement sont d'abord achetées tout aussi illégalement sur le marché parallèle car avec un dinar fragilisé, les gens préfèrent avoir des euros au lieu de dinars ». La solution ' « Contrôler les flux physiques des biens et services importés par rapport aux montants transférés et vérifier si les factures ne sont pas gonflées », recommande-t-il. Pour ce faire, un mécanisme devra être créé au niveau de la douane à cet effet. « Tout montant dépassant un certain seuil devra subir ce contrôle minutieux », estime-t-il. Actuellement, aucun seuil n'est fixé, selon lui. Des mesures « radicales », qu'elles soient juridiques ou économiques, sont à prendre. Pour l'économiste Mourad Goumiri, « seule une traçabilité dans les transactions peut rendre la fraude à un niveau supportable ». Toutefois, cette action est conditionnée par des mécanismes de lutte contre ces transferts illicites, eux-mêmes tributaires d'une volonté politique. « Quels que soient les mécanismes retenus, sans la volonté politique de mener une lutte sans merci contre la fraude, vous n'obtiendrez que des résultats justificatifs des politiques menées », signale-t-il.Rendre la fraude non rentable
Mais qu'est-ce qui peut expliquer des transferts illicites aussi importants de devises ' Pour l'économiste, la réponse est simple : « Des failles dans le système de contrôle. » Leur origine ' « En général, c'est le manque de coordination entre divers services qui permet d'échapper aux contrôles. Un service peut avoir une partie de l'information fondant le délit mais le reste se trouve chez un autre sans qu'il ne le sache ou bien il y a une procédure lourde et nécessaire pour récupérer l'information. » Selon lui, c'est de la coordination interservices que dépendent l'efficacité ou l'échec de la lutte contre la fraude. « En Algérie, cette coordination n'existe pas. Ce qui explique les montants exorbitants enregistrés », affirme-t-il. L'autre problème porte sur « le niveau de corruption qui est également un facteur aggravant ». Comment lutter contre ' « Il faut rendre la fraude non rentable entre le gain escompté et la sanction encourue. La coopération internationale est de rigueur puisqu'il s'agit de transferts internationaux mais son efficacité est proportionnelle au niveau d'intégrité d'un pays », a-t-il souligné. « Les fraudeurs vont détecter les failles dans la réglementation des changes dans un premier temps, et il y en a beaucoup chez nous, ensuite ils vont rechercher des complicités chez des fonctionnaires et, enfin, ils vont user de fausses déclarations, de minorisation ou de majoration. Toutes les techniques sont dérivées de ces procédés », explique-t-il. Entre janvier et mai derniers, un montant de 30,448 milliards de dollars a été transféré vers l'étranger, soit une progression de 13,7% par rapport à la même période de 2012, selon l'APS.


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