Algérie

«Une exposition pour cerner l'homme qui se cache derrière l'écrivain»



«Une exposition pour cerner l'homme qui se cache derrière l'écrivain»
Une exposition sur l'écrivain Miguel Cervantès (1547-1616) se tient jusqu'au 18 décembre dans le hall du siège provisoire de l'APC.D'Oran, à l'entrée du boulevard de la Soummam. Le célèbre homme de lettres espagnol est considéré par les spécialistes de la littérature comme le père du roman moderne grâce à son ?uvre maîtresse intitulée L'ingénieux chevalier Don Quichotte de la Manche. Cependant, «le but de cette exposition c'est la connaissance de la personne qui se cache derrière l'écrivain», explique Gonzalo Manglano de Garay, le directeur de l'Institut éponyme lors de l'inauguration de cette manifestation en présence du consul général d'Espagne à Oran.Il n'existe pas de portrait officiel du célèbre homme de lettres, ce qui laisse libre cours à l'imagination des artistes. Les illustrations dont il est question ici font découvrir au visiteur des scènes de vie rendant compte de la relation de l'écrivain avec la famille, la religion, l'argent, l'écriture, etc. Bref, en parcourant l'exposition, le visiteur aura déjà, en plus, une petite idée sur la vie sociale et les m?urs de son époque.Néanmoins, la vie de Cervantès est elle-même une véritable épopée. Le personnage aux multiples facettes a été même soldat en Italie au service de Sa Majesté. Sa participation à la bataille navale de Lépante contre la marine ottomane en 1571 est un exemple de bravoure et, faits avérés, à bord du bateau la Marquise, il a réellement été gravement blessé à la poitrine (éclats d'obus) et perdu l'usage de sa main gauche, ce qui lui a valu le surnom de «manchot». Comble du hasard pour celui qui a auparavant combattu en duel et causé les blessures à son adversaire, ce qui lui a valu la fuite en Italie pour échapper à la condamnation.C'est de retour vers l'Espagne à partir de Naples, à bord de la galère El sol qu'il a été capturé en 1575 par des pirates commandés par l'Albanais Arnaute Mami, alors au service de la Régence d'Alger, où il a été débarqué pour passer 5 années en captivité. Sa tête valait alors 100 écus d'or. Il a été un prisonnier privilégié, car ses geôliers pensaient qu'ils pourraient en tirer un bon profit. Il a été relativement ménagé malgré plusieurs tentatives d'évasion, quatre en tout. Lors de la troisième, il avait même en désespoir de cause envisagé de regagner Oran qui était alors une ville occupée par les Espagnols, mais le projet n'a pas été mené à bout.Comme seules sentences contre ses tentatives d'évasion, il s'est retrouvé, tel un forçat, employé des carrières pour la fortification du port d'Alger et même jardinier du dignitaire Hassan à Bab el Oued. Il a été finalement relâché en 1580 et a pu regagner son pays, mais ce n'est pas pour autant que ses ennuis ont cessé. Plusieurs péripéties l'attendaient, dont même des séjours en prison, à cause notamment d'un différend d'ordre matériel qui l'a opposé à l'église. Il a projeté d'aller en Amérique, le Nouveau monde, à l'époque, mais en vain.On pense aussi, même si rien de concret n'étaye cette thèse, qu'il a séjourné quelques mois à Oran, chargé d'une mission secrète et donc en tant qu'espion, d'où l'inexistence de traces. Cervantès a séjourné à Séville entre 1585 et 1589, mais c'est à Madrid qu'il deviendra percepteur d'impôts, une fonction qu'il n'assurera pas longtemps, car les ennuis finissent toujours par le rattraper, comme cet autre séjour en prison en 1597. Aussi, son banquier ayant fait faillite, il s'est retrouvé brusquement démuni et le demeurera jusqu'à la fin de sa vie.Cervantès s'était marié selon les préceptes de la religion catholique, mais a eu une fille en 1584 issue d'une liaison «illégitime», qu'il finira par reconnaître. Durant tout ce temps, il n'a jamais cessé d'écrire et son intérêt pour la littérature de son époque l'a accompagné partout où il a séjourné. Hormis la poésie, les nouvelles et le roman picaresque, le théâtre était alors la forme la plus répandue et lui-même en a eu des succès avec ces ?uvres dramatiques, notamment des comédies.La première partie de Don Quichotte est parue en 1605 et a eu tout de suite un succès. «On croit qu'il a entamé la rédaction de ce récit des années plutôt, lors de son séjour à Séville, et beaucoup ont avancé l'idée selon laquelle il s'est remis à écrire, car il avait besoin d'argent, une vision romantique disant qu'il a tout perdu et qu'il a donc écrit par nécessité, mais je pense que cela n'est pas vrai», s'insurge Gonzalo Manglano de Garay, privilégiant la passion de l'auteur pour l'écriture. La seconde partie ne parut qu'en janvier 1615, c'est-à-dire à peine une année avant sa mort.Là aussi on pense qu'il a rédigé la deuxième partie après avoir tout laissé tomber délibérément car, auparavant, l'été 1614, une suite du Quichotte a été publiée mais signée Alonso Fernadez de Avellaneda. L'auteur qui se cache derrière ce pseudonyme n'a jamais été identifié, mais Cervantès s'est senti obligé de livrer la véritable suite de son récit. Ce mystérieux auteur a finalement indirectement rendu service à la littérature, car c'est cette deuxième partie qui reste aujourd'hui la référence suprême pour ce qui est la parenté du roman moderne.


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