Algérie

Une évolution significative



Entre autres facettes du sursaut citoyen en cours, les slogans portés sur des pancartes et autres banderoles, voire à même de tee-shirts, qui renseignent sur le haut degré de maturité politique des manifestants.M. Kebci - Alger (Le Soir) - Pour leur troisième vendredi de suite, les manifestations populaires, ont enregistré avant-hier, pas qu'un bond quantitatif en terme de mobilisation puisqu'on parle, désormais, de millions d'Algériens descendus dans les rues de toutes les wilayas du pays, et au sein de notre large diaspora. Il y a eu également une évolution qualitative au niveau des mots d'ordre portés par les millions de manifestants de tous les âges et des deux sexes.
Transcrits dans quatre langues, arabe, tamazight, français et anglais, qui sur des pancartes, qui sur des banderoles et qui d'autres sur des tee-shirts fièrement portés notamment par les jeunes, ces slogans ont connu une «progression».
Du seul mot d'ordre du «Non au 5e mandat» au président de la République, à l'origine de ce mouvement enclenché le 22 février dernier et qui s'est mué en une véritable «révolution tranquille», les manifestants semblent aller au-delà de cette revendication initiale. Désormais, l'on s'inscrit au stade post-renoncement au 5e mandat présidentiel et les manifestations d'avant-hier le prouvent amplement.
«Le peuple s'engage, système dégage» ou plus crûment, «Système dégage» sont désormais portés et entonnés par les Algériens. Mais pas que ceux-là puisque les manifestants font preuve à chaque fois d'ingéniosité et de créativité en la matière. «Si tu promets de partir, pourquoi tu ne le fais pas maintenant», en réponse on ne peut plus claire et nette à la promesse du Président-candidat d'organiser une élection présidentielle anticipée dont une conférence nationale inclusive à organiser aussitôt réélu, décidera des contours et du timing. Les risques de récupération et de perversion de ce formidable sursaut citoyen sont aussi appréhendés par les manifestants.
Et le slogan «Non au traitement symptomatique oui pour un traitement cura encore «Nous n'aimons pas l'Algérie qu'en coupe du Monde», le prouve amplement. Autant de mots d'ordre aux côtés de bien d'autres à très forte connotation politique comme «Ya Ouyahia, l'Algérie n'est pas la Syrie» ou encore «FLN au musée», qui sonnent comme autant de réponses politiques claires et ne souffrant d'aucune ambiguïté quant au haut degré de maturité politique des Algériens, notamment les jeunes, que l'on disait pourtant déconnectés de la chose politique, voire «aseptisés» politiquement. Il y a eu aussi ce manifestant qui brandissait, avant-hier vendredi, un tamis avec le mot système écrit dessus, comme pour préconiser dans une image fortement symbolique, l'impératif tamisage du système en place.
Des Algériens qui, en plus de cette avance politique sur leurs gouverneurs, accompagnent leur révolution tranquille par un sens élevé de civisme et d'esprit écologique puisque l'on n'a enregistré aucun dépassement, voire aucun «gros mot» avec un respect qui a étonné plus d'un. Plus que cela, de nombreux jeunes distribuaient, qui de l'eau minérale, qui des bonbons et autres friandises, notamment aux femmes et aux enfants alors que d'autres, sachets noirs en mains, nettoyaient tout sur leur passage, ramassant bouteilles, cartons, papiers d'emballage et autres déchets laissés par les manifestants !
Autant de facettes d'un sursaut qui ne manquera pas d'intéresser des spécialistes de nombre de branches d'études.
Une révolution qui, pour toutes ces raisons, se doit d'arriver à bon port car nul n'a le droit de la pervertir et de la dévier de son cours naturel, et aller à son encontre, c'est aller à contrecourant de l'histoire du pays.
M. K.


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