Algérie

Une eurodéputée et un conseiller du Parlement de Strasbourg préconisent Une Euroméditerranée à 50



Nicolas Sarkozy l'avait conçu, sans succès, pour les seuls pays riverains. Angela Merkel et la Commission de Bruxelles l'ont élargi aux 27 de l'Union européenne. L'Union pour la Méditerranée se prête à une autre simulation architecturale. Une députée européenne, Béatrice Patrie, et un conseiller au Parlement de Strasbourg, Emmanuel Espanol, proposent de repousser plus loin ses frontières géographiques.

Français familiers des questions Euromed, ils revendiquent une UPM déployée au-delà des bornes euroméditerranéennes convenues. A pied d'oeuvre de longue date sur le terrain de l'Euroméditerranée, ils viennent de se saisir de l'actualité régionale pour donner un autre ton au débat sur l'UPM. Dans un livre (1) paru à la veille du sommet constitutif de Paris, ils mettent en garde contre la mise en place d'une « mini-union de la Méditerranée » qui serait en deçà des défis géopolitiques du XXIe siècle. Renvoyant dos à dos l'Elysée, Berlin et Bruxelles, ils estiment que le salut de l'Europe et des pays de la rive sud de la Méditerranée ne peut faire l'économie d'un « élargissement d'ampleur ». Un basculement des frontières qui, du Maghreb à la Turquie en passant par l'Europe orientale, jetterait les bases d'un «nouvel ensemble régional». Béatrice Patrie siège au Parlement de Strasbourg depuis 1999. Membre de la Commission des affaires étrangères, elle travaille au quotidien sur les thématiques au coeur des débats méditerranéens et arabes. Historien spécialiste des religions, Emmanuel Espanol a longtemps été conseiller politique de l'ancien ministre français de l'Intérieur et de la Défense Jean-Pierre Chevènement.

Les auteurs pointent un déficit de «Méditerranée» dans la politique étrangère de l'Union européenne. A l'heure où l'air du temps est à l'édification des grands ensembles, l'Europe gagnerait, à leurs yeux, à revoir les fondamentaux qui président à sa démarche unitaire.

L'eurodéputée et l'historien des religions soulignent «l'urgence qu'il y a à opérer une véritable révolution copernicienne dans l'approche européenne de la Méditerranée». Pour être fécond, un tel travail est tenu de porter plus sur «le fond des politiques que dans les structures institutionnelles qui les portent». Bâtir un « nouvel ensemble régional » impose aux pays de l'UE de rompre avec un certain imaginaire continental. « L'Europe n'est ni une fatalité géographique ni un club pour peuples blancs et chrétiens. Elle n'est certes pas une cathédrale, mais elle n'est pas non plus un supermarché ».

Concrètement, l'UPM ou l'Euroméditerranée, dans sa configuration géopolitique la plus solide, pèse plus que l'architecture actuelle. Pour les deux spécialistes de la Méditerranée, « aucun obstacle ne s'oppose à ce que l'on envisage sérieusement un élargissement de l'UE beaucoup plus ambitieux que tous ceux imposés par l'histoire du XXe (...). En somme, nous préconisons une Europe à 50, ou plutôt, afin de ne pas laisser penser à nos amis de la rive sud que nous continuons sur la voie de nos erreurs passées, à vouloir leur imposer notre agenda et nos modèles, nous appelons à la fondation d'un nouvel ensemble régional sur les deux rives de la Méditerranée ».

Piste qui n'a jamais été évoquée depuis l'avènement de Barcelone, cet ensemble qui sera ouvert y compris aux pays de l'Europe orientale non membres de l'UE.



1) Béatrice Patrie et Emmanuel Espanol: Méditerranée.
Adresse au Président de la République, Nicolas Sarkozy. Editions Sindbad, Paris.






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