En dépit de la saturation de la scène musicale kabyle, Mourad Iwan, l'enfant prodige de la commune d'Ahl El Ksar dans la wilaya de Bouira, a pu se faire une place et un nom parmi les grands chanteurs contemporains de la chanson kabyle. Doué d'une voix belle et mielleuse, l'artiste est devenu incontournable sur la scène artistique aussi bien à Bouira qu' un peu partout en Kabylie. Très sensible et ayant le sens de l'art dans les veines, Mourad Iwan chante tous les thèmes concernant le vécu de la société kabyle. C'est ainsi qu'il a consacré sa voix à la cause identitaire, l'amour, la nostalgie, l'amitié et bien d'autres thèmes. Après 10 ans de scène artistique, Mourad Iwan a à son actif cinq albums sur le marché. Son premier, il a pu le sortir en 2006. Il l'a dédié à la cause berbère Afous d'ugfus à laârouche. Depuis, il a enchaîné quatre autres albums: Zinim idh laâli en 2007, Mayna mayna en 2009, Bipiyid en 2010 et Yelis n Tuvirt en 2016. (Editions Amazigh). Mourad Iwan qui a bien voulu répondre à nos questions, livre dans ce bref entretien, ses débuts, ses influences musicales, ainsi que ses inquiétudes par rapport au triste sort réservé à la chanson kabyle. Découvrons-le.L'Expression: Pouvez-vous nous parler un petit peu de vos débuts dans la chanson kabyle'Mourad Iwan: Je n'exagère pas si je vous dis que mon amour pour la chanson kabyle remonte à l'âge où j'étais écolier. Déjà en cette période-là j'apprenais par coeur les chansons de plusieurs chanteurs kabyles. Voyant ce penchant naturel et cet amour que je portais pour la chanson, mon enseignant m'a vite inscrit dans la chorale de l'école de notre village. Ainsi, j'ai participé dans plusieurs manifestations culturelles locales. A chaque fois que je chantais, les enseignants et les présents venaient vers moi pour me dire que j'avais une belle voix et que je pourrai devenir chanteur. C'était aussi le cas au collège où on m'a toujours demandé d'animer les fêtes de fin d'année et à l'occasion d'autres manifestations. Les remarques de ces derniers ont toujours résonné dans mes oreilles et m'ont poussé à aimer davantage la musique et la chanson.Quels étaient les chanteurs kabyles que vous aimiez écouter et qui ont pu vous marquer'J'écoutais pratiquement tous les grands chanteurs de la chanson kabyle connus à cette époque-là. Mais, les grands chanteurs qui m'ont marqué le plus, ce sont Rezig Kaci fils de ma commune, Salah Saâdaoui, Cherif Hamani et Matoub Lounès.Revenons à vos chansons, comment choisissez- vous leurs thèmes, quels en sont les auteurs'Les thèmes de mes chansons, je les puise dans la société. Vous savez, les évènements divers que traverse la société kabyle de nos jours ne laissent pas indifférent, particulièrement un artiste. Pour ce qui est des textes de mes chansons, c'est moi qui les écrits. Cependant, je confie toujours mes textes à des personnes de mon entourage pour avoir leurs avis et voir ce qu'ils en pensent.Bien entendu, je les revoie en fonction de leurs remarques.Jusqu'à présent où vous êtes-vous produit'Je me suis produit un peu partout. J'ai fait pratiquement le tour des wilayas de Bouira, Tizi Ouzou, Béjaïa et je me suis produit même à Tlemcen..Franchement, dites-nous si vous arrivez à vivre de la chanson'Difficilement. Vivre de l'art en Algérie je n'y crois pas trop. Particulièrement ces dernières années avec l'émergence du phénomène de piratage. Sur le plan des ventes, sincèrement je ne pense pas qu'il y ait actuellement un chanteur qui compte sur ça. Ce qui fait survivre les artistes, ce sont les galas, mais malheureusement même ce domaine n'est pas sain.Pouvez-vous être un peu plus clair'L'invitation des artistes par les responsables en charge de la culture dans notre pays ne se fait plus sur la base de critères objectifs. Les chanteurs sont invités en fonction des connaissances qu'ils ont à différents niveaux de responsabilité. On invite des chanteurs pour animer des concerts sans qu'ils aient le moindre album dans les bacs, tandis que les vrais artistes ayant plusieurs albums sur le marché ceux-là sont marginalisés. Si vous me permettez je profiterai de cette occasion que vous me donnez pour interpeller les responsables en charge du secteur de la culture à revoir cet aspect et mettre fin à cette anarchie. Si ce genre de pratiques continue à sévir en Algérie, l'art ne tardera pas à disparaître.Un dernier mot peut-être'Je tiens à remercier votre journal pour l'occasion qu'il m'a offerte et à travers votre journal, je passe un grand bonjour à tous mes fans.
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Posté Le : 15/11/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Madjid
Source : www.lexpressiondz.com