Une équipe technique de Biskra à l’honneur: Système innovant pour la récolte de régimes de dattes

Ce n’est pas peu fière que le Dr Fattoum Lakhdari, directrice du Centre de recherches scientifiques et techniques sur les régions arides (CRSTRA) de Biskra, commente l’obtention par une équipe multidisciplinaire de ce centre du premier prix au Salon de l’innovation d’Alger, tenu dernièrement, pour avoir inventé un système ingénieux permettant de récolter les régimes de dattes sans avoir à grimper au sommet du palmier-dattier.

Cette «récolteuse de dattes mécanique» constituée d’une longue tige métallique que l’on ancre au stipe avec une sangle et au bout de laquelle est fixée une nacelle est munie d’une batterie, de manettes, de boutons de commandes et de rouages nécessitant l’intervention d’un seul manutentionnaire pour délester un palmier-dattier de ses régimes en un temps record.

«La consécration de cette équipe de scientifiques et techniciens hautement qualifiés menée par Ahmed Nourani est le fruit de longues années de recherches et d’expérimentations qui ont abouti à cette machine répondant aux besoins des phoeniciculteurs lésés par la raréfaction de la main d’œuvre agricole.», a-t-elle dit.

La prochaine étape de cette équipe de la division Phoeniciculture, biotechnologie et valorisation des produits et sous-produits du palmier-dattier est de faire fonctionner cet appareil à l’énergie solaire, d’en informatiser les commandes et de le munir d’un tréteau à roues facilitant son déplacement d’un palmier à un autre.

Tout industriel souhaitant acquérir les droits et les plans pour se lancer dans la production en série de cet appareil est prié de se rapprocher du CRSTRA de Biskra.

S’occupant de toutes les problématiques liées aux changements climatiques et à l’étude, à la préservation et au développement de la flore et de la faune dans les zones arides, le CRSTRA de Biskra s’affirme comme une structure synergique entre les réalités du terrain et les préoccupations d’ordre socio-économique soulevées dans les régions arides et sahariennes.

Ses divisions de recherches scientifiques où l’aspect pratique prime, travaillent d’arrache-pied pour comprendre, analyser et proposer des solutions à la population confrontés à des besoins spécifiques dans cette partie du monde où le palmier-dattier revêt un indéniable intérêt stratégique ; Ecologique de par ses performances physiologique, économique puisque la production de dattes est le socle de l’économie saharienne et sociologique étant donné que c’est un facteur de stabilité des populations qui ont développé dans les oasis une organisation agraire, sociale et culturelle autour du palmier-dattier.

Il met à la disposition des décideurs, des administrateurs, des agriculteurs et notamment des producteurs de dattes et des éleveurs une masse de données sur les normes relatives aux itinéraires techniques pour l’amélioration des productions de dattes et de leur protection phytosanitaire, l’élevage des ovins, la régénération de certains cultivars de dattes recelant des intérêts économiques et botaniques, la maitrise de la conservation de produits exportables aux normes internationales et le développement de la culture des plantes médicinales, aromatiques et condimentaires croissant dans les régions arides comme le fenugrec, le carthame, le safran, le nigelle et bien d’autres.

Valorisation et préservation du potentiel phoenicicole

Outre l’organisation de journées d’étude et de sensibilisation aux risques liés aux changements climatiques, sur la préservation des ressources hydriques, sur la gestion des risques naturelles dans les zones arides et sur les catastrophes naturelles y survenant (sécheresse, invasion acridienne, ensablement, salinité …), le CRSTRA a mis en place un réseau de veille phénologique en milieu oasien afin de détecter toutes anomalies, apparaissant sur les palmiers-dattiers, engendrées par les changements climatiques.

«La valorisation et la préservation du potentiel phoenicicole est une de nos priorités», précise notre interlocutrice qui prône la création d’une «Technopole dattes» dédiée à cette seule baie des oasis aux multiples bienfaits.

Cette structure aura pour missions d’élaborer de nouveaux produits alimentaires à base de dattes telles que des barres nutritives pour les casernes et les cantines scolaires, de mettre au point des système de valorisation des sous-produits du palmier-dattier et de fixer les normes de conservation des dattes communes à fortes valeurs marchandes ainsi que d’innover pour une mécanisation raisonnée de certaines opérations culturales du palmier-dattier.

«Notre credo est l’innovation au service du pays et des zones arides recelant des richesses certaines mais aussi fragilisées par certains phénomènes naturelles ou liées à une suractivité humaine.», conclura F. Lakhdari.

* Photo: Le Centre de recherches scientifiques et techniques sur les régions arides


Hafedh Moussaoui