Une équipe, des joueurs et un courage exemplaire

L'Algérie est championne d'Afrique de handball. Elle l'est devenue grâce à une équipe nationale masculine venue de nulle part qui a réussi à relever le défi qui lui était imposé avant la compétition, celui d'obtenir la meilleure place possible. Le «nulle part» utilisé n'a rien de péjoratif. Il n'est que le témoignage de ce qu'a enduré, ces dernières années, cette discipline, le handball, dont on sait qu'il avait été tout près d'être rayé de la liste des sports pratiqués en Algérie. On trouvera nos propos assez durs et éloignés de la réalité. le fait est que la Fédération qui le gère a traversé une crise sans précédent et qu'elle ne dispose d'un président et d'un bureau exécutif élus que depuis moins de six mois.La crise en question a fait qu'il n'y a pas eu de championnat national de handball durant deux ans et que la plupart des joueurs qui ont fait partie de cette équipe nationale championne d'Afrique ne savait plus ce qu'une compétition de dimension nationale voulait dire. En somme des joueurs manquant terriblement de rythme de compétition à qui il a été demandé de faire leur possible pour tirer vers le haut cette équipe nationale.Un confrère spécialisé dans ce sport disait au début de cette CAN qui vient de s'achever que c'était la plus faible des équipes algériennes qui ont eu à disputer ce genre de compétition. Il argumentait sa remarque par ce dont nous avons fait état un peu plus haut, à savoir le remue-ménage qui a régné dans ce sport durant deux longues années. Le paradoxe a fait que cette équipe, dont la majorité des gens doutait qu'elle aille très loin, a réussi là où d'autres sélections mieux préparées ont échoué. Le mérite revient à ses joueurs sur qui reposait une pression terrible et qui ont su se survolter au point de dominer tous leurs adversaires. Il revient également à tous ceux qui les ont épaulés et guidés durant cette épreuve, comme les entraîneurs, les soigneurs et autres responsables administratifs.Il revient aussi à la Fédération qu'il convient de saluer bien bas pour ce qu'elle a fait en peu de temps. Imaginez que le président Saïd Bouamra et son équipe ne sont en place que depuis moins de six mois et qu'ils avaient pour challenge de relancer la compétition nationale et en parallèle préparer la CAN tout en veillant à offrir aux deux sélections nationales, celle des garçons et celle des filles, la meilleure préparation possible. Le mérite de ce succès revient au ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Mohamed Tahmi et à son équipe de collaborateurs qui ont su dénouer la crise qui sévissait dans la discipline et faire en sorte que la Fédération internationale n'intervienne pas pour sanctionner.Le mérite, enfin, revient indiscutablement au public algérien qui s'est mis au service de son équipe nationale pour la soutenir comme jamais, redonnant à la salle Harcha l'ambiance des jours fastes des années 80, lorsque le handball algérien était à son apogée. Cette communion entre les Verts et leurs fans ont fait que le trophée mis en jeu ne pouvait pas quitter l'Algérie. Les joueurs algériens ont su, à chaque fois, se transcender pour répondre à l'attente de ce magnifique public. Les sceptiques diront que c'est parce qu'elle jouait chez elle que l'équipe d'Algérie a gagné.Il n'y a rien de nouveau à cela, une sélection qui joue à domicile part toujours avec un avantage psychologique. Mais une sélection montée dans une période pleine d'incertitudes pour la discipline avait-elle réellement cet avantage ' On en doute. Elle est allée chercher cette victoire avec un extraordinaire courage, armée d'une volonté sans faille qui a fait plier une équipe tunisienne qui passait pour être la plus forte du continent.Nous n'avons pas la prétention de dire que cette équipe nationale a atteint un très haut niveau, mais au moins elle aura réussi là où nombre d'observateurs la voyait trébucher. C'est un exploit qui sera gravé en lettres d'or dans l'histoire du sport algérien.