Algérie

Une équation à trois inconnues



Une équation à trois inconnues
Le feu vert donné à l'exploitation du gaz de schiste en Algérie, à travers l'approbation par le Conseil des ministres, mercredi dernier, de la «communication du ministre de l'Energie par laquelle il a sollicité l'accord pour l'exploitation des formations argileuses et schisteuses», a soulevé une vague de commentaires qui laissent croire que c'est un fait absolument nouveau et contraire à l'avis des experts.D'abord, des informations ont déjà été diffusées sur l'activité liée au gaz de schiste en Algérie depuis de longs mois. Ensuite, des experts algériens qui ont eu à s'exprimer sur la question, essentiellement d'anciens PDG de Sonatrach, dont la compétence est incontestable et qui font autorité dans ce domaine, n'ont pas montré une franche hostilité à ce projet en Algérie, au contraire, parfois, ils estiment qu'il ne faut pas y renoncer, si l'on veut accroître les capacités de production en vue à la fois de l'exportation et de la satisfaction de la demande interne qui va en s'accroissant. Les revenus que cette ressource génèrent sont attendus par les projets de développement destinés à répondre aux nombreux besoins du pays encore non satisfaits dans tous les domaines surtout ceux qui touchent directement la vie quotidienne des Algériens. C'est chez les écologistes que l'on rencontre, par contre, le refus catégorique de cette option à cause de son impact sur l'environnement. Pour les experts pro-gaz de schiste, entre le gain énergétique et économique, pas tout à fait sûrs, d'un côté, et les nuisances, «évitables '», de l'autre, la balance penche du côté des gains escomptés. Pourtant, énergie, économie, écologie devraient être trois inconnues de même poids. C'est, pourquoi, sans doute, le président Bouteflika a, tout de même, instruit le gouvernement de veiller à ce que la prospection, et plus tard l'exploitation, des hydrocarbures schisteux soient menées en permanence avec le souci de préserver les ressources hydriques et de protéger l'environnement. Selon le communiqué du Conseil des ministres, «les premières indications disponibles laissent entrevoir des capacités nationales appréciables en gaz et huile de schiste, ainsi que des perspectives prometteuses en termes de quantités récupérables. Cependant, pour confirmer le potentiel commercial de ces ressources, un programme minimum de 11 puits, étalés sur 7 à 13 ans, est nécessaire». C'est dans ce but que les procédures requises seront donc bientôt lancées en direction des partenaires étrangers mais les projets d'accords pour entamer les prospections seront soumis, le moment venu à la décision du Conseil des ministres. D'après la loi relative aux hydrocarbures, l'exercice des activités liées à l'exploitation des schisteux est soumis à l'approbation du Conseil des ministres, avant d'entamer toute action visant l'exploration ou l'exploitation de gaz ou d'huile de schiste. On apprend que GDF Suez envisage de se lancer dans la prospection d'hydrocarbures de schiste en Algérie, dans le Sahara, où sept bassins potentiels ont été identifiés. D'autres groupes français seraient intéressés par des recherches sur les méthodes d'exploitation des gaz non conventionnels pour trouver une alternative moins nuisible à l'environnement que la technique, décriée, de la fracturation hydraulique, qui consiste en l'injection d'eau et de solvants sous très haute pression, susceptibles de détruire l'environnement et de vider les nappes phréatique. En France, la ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Ségolène Royal, ne ferme pas la porte à l'extraction du gaz de schiste... à condition que soient mises au point «de nouvelles technologies non dangereuses». «On ne sait pas si ces fracturations hydrauliques ne risquent pas de provoquer des fuites de gaz dans les nappes phréatiques et de contaminer l'eau potable'» a-t-elle ajouté. L'idée, insupportable a priori, que l'expérimentation par la France de nouvelles technologies d'extraction du gaz de schiste serait faite en Algérie a nourri nombre de commentaires qui ont fait le rapprochement avec les visites de ministres français dans notre pays.




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