Le créneau est novateur et fait la part belle à la filière cosmétique et pharmaceutique. A 37 ans, il regagne sa paisible ville, Oued Amizour (Béjaïa), et met tout son argent dans ce projet et sollicite un prêt bancaire via l’Ansej. C’est que Mohamed a eu un coup de cœur sur l’industrie bio. «Nous cultivons des valeurs fondées sur la valorisation des produits du terroir», dit-il.
Contre vents et marées, il s’accroche. «Au début, personne n’a cru à cette idée. C’était une utopie. Mais jamais, je n’ai imaginé échouer. Je savais que j’avais raison de valoriser ce produit du terroir», explique-t-il.
Le vent finit par tourner. Mohamed obtient un financement à taux bonifié, il acquiert les équipements d’Allemagne, et échappe de peu au fameux crédit documentaire (Credoc). Au bout de 2 ans, l’entreprise «Douce de Kabylie» est enfin sur la ligne de départ. Même à l’étroit, dans son atelier qui ne dépasse pas les 80 m2, l’huile est obtenue par pression à froid des graines de figues de Barbarie. Son procédé donne un nouveau produit de qualité qui commence à intéresser des industriels de la cosmétique. «De grands laboratoires de la cosmétique sont intéressés par notre produit», se réjouit Mohamed.
1000 euros le litre
Reste à mettre en place le segment indispensable du marketing. C’est-à-dire faire connaître son produit pour le placer sur les marchés hautement exigeants à l’étranger. Son coût vient du rendement très faible en huile. 800 kilos de fruits sont nécessaires pour obtenir 1 litre d’huile. D’où son prix atteignant les 1000 euros le litre. Mais pour déployer la grand-voile, il faut encore de l’argent, pour financer le processus de certification chez Icocert, organisme français reconnu par la communauté européenne (CE). Cet organisme assure l’audit, la validation des intrants, la vérification de l’étiquetage et l’utilisation de sa marque Ecocert et bien sûr la certification du produit qui sera réputé conforme au mode de production biologique en vigueur établies par les règlements CE.
Il faut passer par là pour prouver que cette entreprise familiale produit une huile 100% bio, c’est-à-dire qu’elle respecte les normes requises : le label de l’Union européenne. De la matière première au conditionnement, la traçabilité et les multiples contrôles permettent de garantir une sécurité totale aux consommateurs.
De plus, le seul ingrédient utilisé est un produit biologique, ce qui assure une huile sûre et saine. Mais une telle démarche de certification est onéreuse pour une jeune entreprise qui devra débourser plus de 2000 euros chaque année. Mais ceci est loin de décourager notre jeune chef d’entreprise. Les atouts sont nombreux. La région de Kabylie est très riche en cactus de Barbarie. Le fruit est disponible. De plus, la culture du cactus est bénéfique à plus d’un titre pour la protection des sols. Mohamed dit avoir besoin d’un terrain pour cultiver la figue de Barbarie.
Le créneau bifurque sur plusieurs filières: Transformation du fruit en confiture, fabrication de jus, production de colorant alimentaire (pourpre de Barbarie), production de l’huile à partir des graines… et la liste est longue.
A présent, ce jeune patron attend une solution pour la conservation du jus de figue. «Faute de moyens de conservation, je perds des quantités faramineuses en jus de fruit», se désole-t-il. Mohamed souligne le grand rôle d’accompagnement assuré par le laboratoire de recherche 3BS de l’université de Béjaïa. Aussi, ALGEX a promis à «Douce de Kabylie» de «la conseiller, de l’assister et de l’accompagner dans ses démarches à l’exportation».
De tels projets innovants méritent des études plus poussées et ont plus que jamais besoin du soutien de l’Etat. Ils sont créateurs d’emplois en milieu rural. Cette petite entreprise nécessite certes un travail saisonnier (période de récolte du fruit), mais elle fait travailler une douzaine d’ouvrières. Le créneau est un tremplin ou peuvent être créées des centaines de PME. Mais ces dernières ont besoin d’incitations fiscales et des aides pour réduire le risque supporté par les entrepreneurs, augmenter leurs moyens financiers. Bref, de telles PME ont besoin d’un franc «coup de pouce» dans le cadre d’un soutien à l’innovation.
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Posté Le : 22/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Cherif Lahdiri
Source : www.elwatan.com