Algérie

UNE ENTITE GEOGRAPHIQUE QUI N'EST PAS DEVENUE UNE NATION



UNE ENTITE GEOGRAPHIQUE QUI N'EST PAS DEVENUE UNE NATION
On ne le dira jamais assez, l'Ukraine, grande perdante de la crise actuelle où son unité est désormais clairement menacée, paye d'abord le prix des turpitudes et de la corruption de ses politiciens. Ils ont hérité d'une géographie, ils n'en ont pas su en faire une nation unie dans un régime qui intègre et qui fonctionne. Ils ont, au contraire, accentué les fractures et joué, constamment, l'Europe contre la Russie et vice-versa. Les Occidentaux, trop heureux de pousser leur avantage sur la Russie, ont alimenté un processus de désintégration déjà largement entamé.Dans cet équilibre délicat où les données de la géopolitique traversent également le tissu social, la prudence était de mise. Car, il était difficile de s'attendre à ce que la Russie du président Poutine - qui n'est pas Medvedev - assiste en spectateur à cette avancée de l'Ouest qui effraie les russophones d'Ukraine. Le pouvoir installé par l'émeute à Kiev dispose assurément de l'appui d'une partie des Ukrainiens, il n'est certainement pas celui de tous les Ukrainiens. Un processus «révolutionnaire» ne confère pas automatiquement la légitimité démocratique, en particulier quand les intrusions étrangères atteignent des sommets de visibilité. Quand on fait tomber un gouvernement légal, il faut bénéficier du soutien d'une majorité vécue en tant que telle et non pas ostensiblement comme une fraction du pays qui accapare le pouvoir contre une autre. L'Union européenne n'est pas en mesure d'octroyer cette légitimité et on peut pronostiquer qu'elle n'ira pas en guerre.Jusqu'à l'organisation d'élections générales, l'Ukraine est un pays sans institutions légitimes, l'ancien président «légal» pouvant même se prévaloir d'une légitimité électorale que le gouvernement «provisoire» ne peut s'en targuer, jusqu'à preuve du contraire. La force de frappe des médias occidentaux ne parvient pas à imposer une grille manichéenne, sans nuance où le bon affronte le méchant. Les foules insurrectionnelles de Kiev ne sont pas plus légitimes que celles qui se manifestent, un peu partout, dans l'est et le sud de l'Ukraine. Toutes les révolutions «orange» ne suivent pas le scénario prévu. En réalité, les Occidentaux n'ignoraient pas que jouer cette partition dans une Ukraine en pleine crise économique est une option périlleuse. Mais dans une partie de poker où seuls les Ukrainiens ont quelque chose à perdre, ils ont choisi de surenchérir.Au vu des intérêts en jeu, matériels et stratégiques, menacer Vladimir Poutine de boycotter le G8 prévu en juin à Sotchi est dérisoire. Les choses sont-elles allées trop loin pour que la dynamique de partition en cours redevienne réversible tout comme les risques de guerre ' Le jeu reste ouvert. Des commentateurs occidentaux ont fait mine de découvrir la «paralysie» de l'Onu en affirmant qu'il y aura un avant et un après-Ukraine. Mais pour les Russes, les Occidentaux ont déjà stérilisé l'Onu en manipulant les résolutions du Conseil de sécurité sur la Libye. Il est vrai que c'est Medvedev qui était au Kremlin en 2011 et avait décidé - contre l'avis de Poutine - de s'abstenir et de ne pas utiliser le droit de veto. La Russie, sans surprise, n'a plus permis une réédition de la man?uvre pour la Syrie. Moscou va encore moins le permettre dans sa périphérie immédiate en Ukraine où elle considère que ses intérêts vitaux directs sont mis en cause.Dans le climat de tension, d'encerclement de la Russie et de résurgence de la logique des blocs, le seul élément ténu d'ouverture tient au fait que Poutine n'a officiellement pas encore mis en ?uvre l'autorisation que lui a accordée le Parlement pour engager des troupes en Ukraine. Mais la situation est susceptible de s'accélérer dans ce «grand jeu» où les Ukrainiens semblent avoir déjà perdu leur pays. Mais ce drame à la confluence des empires est peut-être l'augure de lendemains encore moins enthousiasmants. Dans ce grand jeu de domination de la planète qui ne tolère aucune entrave à l'expansion du marché sous contrôle occidental, les lignes de fracture se multiplient et se durcissent, le glissement vers la guerre globalisée reste plus que jamais une hypothèse.




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