Algérie

Une enfance kabyle pendant la guerre d'Algérie de 1955 à 1958 de Mohand Amokrane Kheffache, (Récit) - Éditions L'Harmattan, Paris 2005



Une enfance kabyle pendant la guerre d'Algérie de 1955 à 1958 de Mohand Amokrane Kheffache, (Récit) - Éditions L'Harmattan, Paris 2005
Le Soir d'Algérie 16 juillet 2005

Un roman d'atmosphère et de témoignage
Une enfance kabyle pendant la guerre d’Algérie de 1955 à 1958 est un récit hybride où l’auteur se raconte et raconte une époque, un espace temps, celui d’une partie de l’Algérie, la Kabylie pendant la guerre d’Algérie, livrée à la guerre et à la misère. M. A. Kheffache, natif en 1946 d’un village des hauteurs de Tizi-Ouzou, nous invite à effeuiller les pages jaunies de sa mémoire pour restituer des bribes de souvenirs d’enfance à qui la patine du temps et les stigmates, les blessures toujours vivaces d’une époque de feu, de larmes et de misère confèrent une épaisseur historique et de témoignage.
Dès l’incipit, l’auteur nous et (se re) met aux prises avec un univers raconté avec beaucoup d’émotion. Le “je” de l’auteur-narrateur nous balade dans un espace temps si proche et familier pour une catégorie de lecteurs algériens, avec comme guide et fil conducteur le regard et l’innocence de l’enfance livrée “à la souffrance infligée par la guerre”.
Le récit, qui est un mélange de souvenirs personnels de témoignages d’époque et qui prend souvent les contours de style narratif du journal intime et de la chronique familiale, commence avec le premier jour de rentrée scolaire “(...) fin septembre 1953 avec les yeux fermés par la maladie fréquente chez les enfants de l’époque. J’ai fait une trentaine de minutes de trajet à dos d’âne avant de voir la lumière du jour.
C’était une tragédie à l’échelle de l’innocence d’un enfant de sept ans”. Composé de vingt-cinq séquences réparties sur près de deux cents pages, le livre de M. A. Kheffache est une auto-fiction qui déroule la chronique mi-amusé, mi-tragique d’un enfant qui découvre, alors, qu’aller à l’école relève de la témérité, une épreuve qui n’a d’égale que celle qu’affrontent les héros des contes du coin du feu qui peuple son imaginaire d’enfant.
Ce qui, peut-être, lui permet de sublimer, voire de se venger de la brutalité maladive de M. Kessad, un instituteur irascible, coléreux et taciturne que le petit Kheffache compare avec un plaisir malicieux à un des nombreux abominables personnages des contes que lui racontent, le soir venu, sa mère ou sa tante pour le soulager des angoisses de l’école. Un lieu où il couvre un jour où il voulait se mêler au jeu et à l’espace du fils du directeur de l’école, un Français, les clivages dessinés par cette “frontière tacite entre le monde de ceux qui ont et de ceux qui n’en ont pas”.
Il y a, bien sûr, la guerre qui “a soudain fait son apparition avec fureur. Elle s’est abattue comme la foudre sur notre paisible village à l’aube d’un jour du mois de février de 1956”. Et puis il y a les premières victimes, les ratissages, la brutalité des soldats... tout le folklore lugubre et morbide qui entoure toute guerre. Et celle vécue et racontée par le narrateur “est arrivée plus vite que je ne l’attendais pour détruire ma paisible enfance et celle de milliers, voire de millions d’autres enfants montagnards...”
Voilà résumé et condensé, à travers cette phrase la substance du message de l’auteur sur la cruauté et l’insoutenable tragédie qu’entraînent les guerres. “Les faits racontés, nous dira-t-il, il auraient pu se produire sur n’importe point du monde.” L’auteur qui est directeur du Centre linguistique de Dublin, Irlande et où il enseigne le français, insiste sur la dimension universelle et humaniste de son témoignage qu’il veut surtout transmettre “aux enfants algériens à qui la vie actuelle offre la chance d’aller à l’école et permet un confort, même relatif.
Ils doivent prendre conscience de la chance qui leur est offerte pour réussir”, suggère M. A. Kheffache, qui annonce la sortie du 2e tome de son autobiographie chez le même éditeur parisien, l’Harmattan, en septembre prochain. Des démarches, nous précise-t-il, sont en cours auprès du ministère de la Culture l’édition en Algérie de son roman.


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