Algérie

Une EN capable de se qualifier à un mondial et de rater une CAN La génération de tous les paradoxes


Une EN capable de se qualifier à un mondial et de rater une CAN                                    La génération de tous les paradoxes
On connaissait la génération sacrifiée, celle des années 1990 et sa pléiade de joueurs de haut niveau, Abdelhafid Tasfaout et Dziri Bilal en tête, mais qui n'a, toutefois, rien gagné en vert, si ce n'est l'estime des gens, en raison, entre autres, de la situation politico-sécuritaire de l'époque.
On connaît désormais la génération des paradoxes, celle des Ziani, Antar, Bougherra et Belhadj, capables de se qualifier à une Coupe du monde sans pour autant réussir à accrocher le train de la CAN.
Une génération qui a su imiter sa légendaire aînée des années 1980 en parvenant à s'assurer une présence parmi les 32 de la planète avant de retomber dans ses travers et de s'avérer inapte à confirmer sa place à un simple rendez-vous continental pourtant moins relevé, biennal et devenu presque banal.
Equipe de toutes les extravagances et sélection des contradictions par excellence, la formation des Ziani and Co s'est, ainsi, illustrée par sa capacité à flirter avec les extrêmes et restera dans les annales comme celle qui a valu à ses supporters d'espérer le meilleur tout en craignant le pire. Et pas seulement au niveau du sportif mais aussi et surtout dans son côté relationnel, passionnel, émotionnel et affectif avec son large public. Déchaînant les passions tantôt, basculant dans l'indifférence totale un autre temps, cette EN mondialiste cultive l'intrigue et l'érige presque en mode de fonction.
Après s'être fait connaître un hiver de l'année 2004 en Tunisie à la faveur d'une CAN rondement menée sous la Coupe d'un Rabah Saâdane toujours alchimiste dès lors qu'il s'agisse de transformer une équipe assez quelconque en formation conquérante, l'EN des Anthar Yahia and Co s'était attirée la sympathie du grand public grâce à la fougue de sa jeune composante, à sa combativité sur le terrain, à ses ambitions décuplées et à son amour déclaré pour le maillot vert nonobstant du lieu de naissance. Une symbiose était née. Mais une symbiose vite estompée par l'énorme double gâchis de 2006 et de 2008 qui a valu à cette sélection de montrer quelques signes de boulimie inquiétants en matière de consommation de techniciens étrangers, français et belges pour être plus précis, et de tomber de son piédestal aux yeux de son public passionné mais si exigeant. Année de tous les exploits, de tous les excès et de toutes les espérances, 2009 signera le plus bel exploit du football algérien depuis deux décennies à travers une qualification homérique, historique et héroïque au Mondial sud-africain après une bataille épique avec l'Egypte. Un exploit dans la foulée duquel les Verts atteindront les demi-finales d'une Coupe d'Afrique des nations, en Angola, pour la première fois depuis vingt ans ! Mais de ce statut fort envié d'unique pays du Maghreb et du Machreq réunis à avoir composté son billet pour la Coupe du monde 2010, l'Algérie n'en gardera aucun prestige. Pis, puisque à ce titre honorifique, en son temps, de seul pays des mondes arabe et musulman unis à être convié au Mondial sud-africain, l'Algérie du football y opposera, moins d'une année plus tard, une breloque moins reluisante d'unique pays du Maghreb à n'avoir pas assuré sa qualification à l'édition continentale de 2012, conjointement organisée par le Gabon et la Guinée équatoriale. Cet état de fait est d'autant plus frustrant pour tout inconditionnel d'El-Khadra que même nos voisins tunisiens et libyens ont su le faire, en dépit des troubles sociaux et politico-sécuritaires que connaissent ces deux pays limitrophes. Sacré paradoxe que celui de voir une sélection tunisienne parvenir à se qualifier malgré l'instabilité née de la Révolution du jasmin, plaçant même son porte-flambeau tunisois de l'Espérance en finale de la Champions League africaine pour la seconde année de rang, au moment où une sélection mondialiste se faisait balader par l'anonyme Centrafrique pour être ensuite piétinée par une ressuscitée sélection marocaine et éjectée de la course qualificative quand bien même pour les secondes places habituellement réservées aux petits bras. Et sacré paradoxe, également, de voir un représentant d'un pays en guerre et déchiré par un conflit mondialisé, la Libye, gagner le droit de défendre son honneur l'hiver prochain alors que son prochain du nord et grand frère algérien, celui-là même qui a tenu en respect l'ogre anglais un été de 2010 sur les bords du Cap sud-africain, rater médiocrement son année post-Mondial. La faute très certainement à un intérim catastrophiquement géré par Abdelhak Benchikha, lequel n'avait ni les épaules aussi larges ni la tête aussi bien pleine et aussi bien faite que son prédécesseur Rabah Saâdane.
Mais une faute également conjointement partagée par un groupe de joueurs beaucoup plus proches d'intermittents du spectacle que d'athlètes de haut niveau international. Au final, l'Algérie n'est pas plus mal lotie que les autres géants du continents qui ont, eux aussi, raté leurs éliminatoires, comme l'Egypte, le Cameroun, l'Afrique du Sud et le Nigeria, incontestablement les absents de marque de l'édition 2012. Un petit réconfort moral qui ne masque ni réduit, toutefois, en rien le grand fossé qui nous sépare de nos meilleurs ennemis, les Egyptiens, en matière d'acquis en contrepartie de cette élimination diversement appréciée mais unanimement reconnue comme un ultime fait saillant symbolisant la fin d'un cycle, d'une génération qui a allié rêves, cauchemars et illusions pour ce qui constituera un incroyable et tout aussi invraisemblable paradoxe footballistique.
R. B.
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