Une émission palestinienne de téléréalité pour choisir son président

«Si j'étais Mahmoud Abbas, je regarderais cette émission et j'écouterais attentivement toutes les critiques qui lui sont formulées» Raed Othman Directeur de Maan TV
Au moment où les Italiens ont du mal à choisir leur président, la Palestine a lancé depuis peu à Ghaza, une émission de téléréalité pour trouver les futurs dirigeants du pays. Cette émission politique intitulée «Al Raïs» (le président) diffusée tous les jeudis soir, a pour objectif de trouver les dirigeants politiques palestiniens de demain, voire pourquoi pas, de trouver le successeur à Mahmoud Abbas, l'actuel président palestinien. C'est la chaîne de Télévision Maan, dirigé par Raed Othman (Un homme d'affaires saoudien) qui a eu l'idée de diffuser le concept «Al Raïs» et qui remporte un franc succès. Sur les 1200 jeunes palestiniens, âgés de 20 à 35 ans, la production en a retenu 25. Originaires de Ghaza, Cisjordanie et Jérusalem-Est, ils ont en commun une passion pour la politique. Ils seront ensuite départagés par un jury composé de figures importantes du paysage politique palestinien, dont la plus connue est Hanane Achraoui, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Les candidats doivent répondre à des questions précises sur les décisions qu'ils prendraient au cas où ils seraient amenés à avoir des responsabilités. En à peine deux émissions, c'est le succès et les candidats sont «déjà des stars». Interrogé par un journaliste français, le producteur de l'émission considère que l'émission est avant tout un moyen pacifique pour faire changer les choses, une sorte de «printemps arabe où le changement viendrait par la parole». Au-delà du phénomène et de l'originalité de l'idée, cette émission, conduite par une télévision proche du mouvement Hamas, est avant tout un véritable coup de publicité pour cette jeune télévision islamiste palestinienne. Son objectif est de trouver des leaders d'opinion qui peuvent être récupérés par les partis politiques palestiniens. Depuis la mort du leader charismatique Yasser Arafat, aucun leader palestinien n'a pu le remplacer sur le plan médiatique. Cette émission, c'est aussi une gifle médiatique pour le président palestinien actuel, Mahmoud Abbas, qui n'est ni élu, ni trop aimé par la population palestinienne, qui rejette sa légitimité. Plusieurs candidats de ce programme critiquent son laxisme politique et son manque de charisme, comme dans «Arab idol» ou «X factor», les candidats passent devant le jury et exposent leur vision de la politique ou encore expliquent ce qu'ils feraient s'ils étaient à la place du président de l'Autorité palestinienne. Dès son lancement, cette émission de téléréalité palestinienne a suscité un grand intérêt chez certains médias occidentaux dont les médias français. Car malgré le concept sensible et surtout politiquement incorrect, en France, par exemple, les projets de téléréalité politiques n'ont pas eu le succès escompté. En 2003, TF1 a tenté de lancer une émission de ce type, baptisé «36 heures», mais tout comme LCP en 2009 avec le projet «Politique à Domicile», la chaîne avait dû abandonner l'idée au dernier moment. L'an dernier, France 4 était la première chaîne française à être allée jusqu'au bout, en diffusant l'émission «Qui veut devenir Président'», qui fut un échec retentissant. Avec à peine 182 000 personnes devant leurs écrans, soit 0,7% de part de marché, le programme n'a jamais été reconduit. Dans les pays arabes et plus particulièrement l'Algérie, il est aujourd'hui impensable de voir un programme de ce genre prendre forme.
amirasoltane08@live.fr