Algérie

Une élection réglée comme du papier à musique



Une élection réglée comme du papier à musique
Quels que soient les chiffres annoncés, en raison du fort taux d'abstention et des scores obtenus par ses adversaires, Abdelaziz Bouteflika est minoritaire. Tout était réglé comme du papier à musique, et ce, dès 2008. Abdelaziz Bouteflika qui, en raison de sa maladie, n'a tenu aucun meeting et ne s'est pas adressé aux Algériens depuis au moins deux ans, était programmé pour remporter cette élection dès le premier tour comme en 2004 et en 2009. C'est le pouvoir qui a fixé des règles du jeu acceptées par tous les candidats en lice. C'est lui qui a organisé ce scrutin en mettant tous les moyens de son cèté jusqu'à remettre en scelle Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem, deux hommes qui avaient été boutés de la direction de leurs partis respectifs – RND et FLN et en jouant à fond la carte de la peur ( celle d'un retour aux années noires du terrorisme). C'est encore ce pouvoir qui a fait en sorte de cadrer l'expression politique : pas de meetings en dehors des lieux programmés à cet effet, pas de distribution de tracts, pas de débats publics contradictoires sur la télévision publique, avec en toile de fond l'interdiction de manifester en faveur du boycott. Et l'on s'étonne (ou on feint de s'étonner) du résultat final d'une élection inédite dans les annales algériennes avec un candidat diminué par la maladie, votant en fauteuil roulant poussé, dit-on, par son médecin, levant à peine la main, parfois les deux, pour saluer les photographes et quelques partisans triés sur le volet venus pour faire la claque à son passage ! L'image, en tout cas, restera gravée dans la mémoire algérienne.Ali Benflis, qui s'est posé en alternative à l'intérieur d'un système qu'il connaît bien, et non en opposant à ce système politique, semblait vendredi soir serein comme s'il s'attendait à ce résultat.Au sein de son staff et parmi ses partisans, «le coup de force a eu lieu», dit-on, aux environs de 17 heures, avant que Amar Saâdani n'annonce la victoire de Bouteflika (65%) et que les partisans du Président sortant ne sortent fêter la victoire dans la rue dès 19 heures 30, alors que les résultats officiels n'avaient pas été proclamés. Certains parlent d'une «fraude massive» dans certaines régions. Tout cela confirme, à leurs yeux, que le pouvoir est passé en force.Dans ces conditions, Djamel Zenati n'a pas tort de dire que les chiffres (résultats officiels) avancés par les autorités ne veulent plus rien dire. Que Bouteflika obtienne entre 70 et 80% ou moins, personne parmi cette grande masse des Algériens qui n'a pas voté ou qui a été comptabilisée parmi les suffrages exprimés en faveur de ses cinq opposants, n'est dupe. Quel que soit le score dont il sera crédité, il n'en reste pas moins que rapporté aux électeurs potentiels inscrits (23 millions de personnes), le candidat Bouteflika est minoritaire: il aura été élu par moins de 50% des électeurs.




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