Algérie

Une économie mondiale déprimée


La guerre en Ukraine a vite fait de devenir la guerre du pétrole et de plusieurs autres matières premières, apportant par la même occasion le spectre d'une crise économique mondiale comme celle qui avait suivi le premier choc pétrolier, en 1973. Avec la pluie de sanctions destinées à contraindre la Russie à faire machine arrière, le recours à un embargo sur les livraisons de pétrole et de gaz prend la dimension d'un enjeu cornélien pour bon nombre de capitales européennes dont l'Allemagne et l'Italie, pour ne citer que ces deux pays. Ils doivent jouer à pile ou face leur perspective économique, au lendemain d'une pandémie de Covid-19 qui a duré plus de deux ans et mis à mal bien des budgets. Mais il n'y a pas que l'Europe.Les Etats-Unis eux-mêmes ne sont pas à l'abri de mauvaises surprises, au point que l'administration Biden s'est acharnée, ces derniers jours, à exhorter l'industrie du pétrole à produire plus, tout en agissant en faveur d'une énergie propre. Un véritable casse-tête qui n'a pas suscité l'enthousiasme des majors qui pourfendent, depuis des mois, la politique énergétique du gouvernement démocrate et redoublent de fureur face aux conséquences de la guerre en Ukraine.
L'augmentation vertigineuse du prix de l'essence aux Etats-Unis (4 dollars le gallon, soit 1 dollar de plus qu'avant l'intervention russe en Ukraine) provoque non seulement la colère des automobilistes américains mais elle remet, également, en question l'annulation du pipeline Keystone et les moratoires de forage sur les terres fédérales, des mesures de l'administration Biden, même si celle-ci a, malgré tout, accordé 3557 permis d'exploitation de pétrole et de gaz aux Etats-Unis contre 2658 consentis par Trump. Il est vrai que les conditions politiques et géostratégiques ne sont en rien comparables et, de surcroît, l'impact de la crise sanitaire n'a pas encore fini de plomber la croissance, un peu partout.
C'est un fait d'autant plus inquiétant que le discours général, en Europe comme aux Etats-Unis et en Asie, est désormais centré sur l'indispensable augmentation des énergies fossiles pour couvrir des besoins en approvisionnement, devenus problématiques, ce qui va à l'encontre des engagements pris, lors des sommets sur le climat, en faveur d'une transition énergétique accélérée.
En somme, la décarbonation n'est plus un objectif crucial et les plus gros consommateurs de pétrole et de gaz n'ont plus qu'une idée en tête: s'assurer que leurs besoins soient couverts et garantis, au minimum jusqu'à fin 2022. Ce qui n'est pas une chose aisée quand on sait que la Russie qui poursuit jusqu'à présent les livraisons de pétrole et de gaz, malgré l'ampleur des «sanctions illégales» selon le président Poutine, n'écarte pas l'hypothèse d'un arrêt brutal de ses exportations, notamment celles du Nord-Stream 1.
Ce serait, alors, le début de la fin pour une économie mondiale, de plus en plus déprimée.
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