Une dizaine de cadres de la police, condamnés dans le cadre de l'affaire qui oppose la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) à la société privée ABM, dénoncent ce qu'ils qualifient d'«arbitraire» en se présentant comme «des victimes de la délinquance judiciaire».
Condamnés à des peines de prison dans le cadre de l'affaire opposant la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et la société privée ABM (Algerian Busines Multimedia) et liée à des marchés d'équipement informatique, dix cadres de la police ont transmis la semaine dernière une lettre au président l'interpellant sur leur sort et dénonçant «les circonstances» dans lesquelles a eu lieu leur procès en première instance. Tous membres de la commission d'évaluation technique des marchés au sein de la sûreté nationale, les auteurs de la lettre précisent qu'ils n'ont «aucun pouvoir décisionnel» au sein de cette structure. Leur rôle, notent-ils, «se limite à donner un avis technique sur les équipements proposés par le sous-traitant», un travail qu'ils ont «accompli avec abnégation, impartialité et responsabilité».
Ils qualifient l'affaire relative aux contrats avec ABM «d'artificielle et fabriquée» arguant du fait qu'elle a été déclenchée dans «des circonstances connues du grand public et privé, sans partie plaignante ou même une dénonciation anonyme». De ce fait, ils déclarent : «Nous espérions que la justice soit équitable envers nous, malheureusement, nous avons été choqués par les décisions rendues en première instance. Le tribunal de Sidi M'hamed a refusé d'appliquer la loi en rejetant la demande de mise à disposition de la défense, du rapport de l'inspecteur général de la sûreté nationale sur la transaction (') et prononcé des peines l'emprisonnement et une amende à notre encontre (')
A cette condamnation est venue s'ajouter une autre, plus lourde, celle prise par l'administration et qui consiste à nous suspendre de nos postes de travail et de mettre fin à nos salaires. Une double peine qui a fait perdre à nos enfants le sentiment de justice (') Notre privation d'un droit essentiel à un procès équitable, garanti par l'article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel l'Algérie a adhéré, est un déni de justice qui doit être rapidement réparé (') la condamnation d'un innocent est injuste. Elle ne peut être acceptée ou tolérée (').
Les signataires de la lettre rappellent en outre le caractère «fondamental» de la justice, précisant «qu'il est plus grave de condamner un innocent que de libérer un criminel qui risque de nous priver de notre liberté, la plus importante chose que nous possédons après notre vie et notre dignité. Notre seul tort est d'avoir servi notre pays et veillé à sa sécurité avec efficacité, intégrité et sincérité. Mais au lieu d'une récompense, nous risquons de finir en prison'». Pour éviter «une telle tragédie», les cadres de la sûreté nationale interpellent le premier magistrat du pays en sa qualité «de protecteur des droits, liberté et garant du bon fonctionnement des pouvoirs publics.» Ils l'exhortent à «prendre des mesures urgentes pour réparer l'injustice», mais aussi pour les «réhabiliter» afin qu'ils «retrouvent» leur travail.
Cette lettre a été envoyée hier, soit deux jours après l'ajournement du procès en appel, au 22 décembre. Un renvoi qui permet de prévoir une audience spéciale, consacrée uniquement à la cinquantaine de personnes, entre prévenus et témoins, convoquées pour la circonstance. A préciser que le tribunal de Sidi M'hamed a prononcé des peines allant de 3 à 7 ans de prison ferme à l'encontre des dix-neufs fonctionnaires de la police et de quatre cadres dirigeants de ABM, parmi lesquels, le gendre de Chouaïb Oultache, (auteur présumé de l'assassinat de Ali Tounsi, le patron de la police).
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Posté Le : 17/12/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Salima Tlemçani
Source : www.elwatan.com