Algérie

Une dix-neuvième édition mitigée



Une dix-neuvième édition mitigée
L'édition du 19e Sila (Salon international du livre d'Alger) organisée du jeudi 30 octobre au samedi 8 novembre 2014 au Palais des expositions des Pins Maritimes d'Alger, s'est tenue cette année sous le signe de l'Histoire.Une édition pas très fournie en ouvrages Durant laquelle pendant 10 jours, le public visiteur a profité de l'opportunité qui lui est offerte annuellement pour se procurer des ouvrages habituellement introuvables chez les libraires nationaux : livres, entre autres, à caractère littéraire, historique, sociologique, sociopolitique, scientifique et autres religieux et ceux destinés à l'enfance, etc. Il y a eu des satisfactions dans l'organisation de cette année avec notamment les innovations en matière de programmation d'un espace africain, des conférences sur l'Histoire et des journées cinématographiques. Cependant, et de l'avis de nombreux visiteurs et observateurs culturels, cette 19e édition du SILA a été bien pâle par rapport aux années précédentes. Premier constat, il n'y a pas eu ce rush habituel des visiteurs, leur nombre s'étant avéré bien inférieur comparé aux afflux massifs d'auparavant. De même qu'il a été relevé l'absence des grands écrivains algériens et étrangers qui attiraient les grandes foules et même la salle réservée aux projections de films programmés était tout au long de la tenue de ces journées du SILA tristement vide. Quant aux ouvrages exposés, là aussi beaucoup ont regretté l'absence de titres annoncés mais pas présents sur les étals des stands nationaux ou étrangers. Nombre d'étudiants, pour leur part, sont restés sur leur faim concernant des titres qu'ils n'ont pas réussi à se débrouiller. Pour donner une idée au lecteur, la plupart des éditeurs étrangers, notamment français, ont ramené les classiques de la littérature française et universelle, les nouveautés de ces dix dernières années, pour ne pas parler des dernières parutions en divers domaines, étant quasiment absentes. Côté exposants d'ouvrages en arabe, on ne peut pas en dire autant. Motif avancé : le public algérien lit, d'une manière générale, les ouvrages auxquels il a eu besoin d'un certain temps pour s'y accoutumer, c'est valable surtout pour la littérature et les sciences humaines. Quant aux domaines de l'informatique et des sciences exactes, il se montre très exigeant et réclame les titres récents : c'est la hantise des lecteurs - étudiants et autres branchés sur la recherche, constamment à l'affût de titres et traités dont ils présentent les références, certains parvenant à les trouver, d'autres à carrément les commander sur place. Des prix relativement élevés Concernant les prix, - des ouvrages à caractère littéraire et en sciences humaines- leurs coûts ont été en général élevés, mis à part certains éditeurs algériens comme les stands des éditions Barzakh, ou de l'ANEP, etc., qui ont affiché des prix plus ou moins abordables, variant entre 200, 600 et 1 000 DA. Quelques prix d'ouvrages à titre d'exemple : «Mohamed, Prophète de notre temps» de Mustapha Chérif, éditions ANEP 2014 , prix 450 DA, «Orient-Occident- Jacques Berque», par Mustapha Cherif et Jean Sur, prix 180 DA, «Patrimoine et sociétés du savoir » de Boumedienne Bouzid, (coédition en arabe El Ikhtilaf (Alger) - Arab Scientific Publishers, Inc (Beyrouth), prix 600 DA.) Au pavillon du CRASC, les prix des revues soignées et assez consistantes du remarquable Centre de recherche en anthropologie d'Oran, varient entre 300 et 800 DA , (ex : Le roman algérien de 1990 à nos jours, collectif sous la direction de Mohamed Daoud et Faouzia Bendjellid). Chez les autres éditeurs, les prix ont été jugés excessifs par les visiteurs. Parmi les éditeurs étrangers, seules les éditions Gallimard ont présenté des ouvrages (notamment de la collection Folio) assez abordables aux coûts variant entre 270 DA et 1 500 DA. (ex : un ouvrage intéressant comme «La grande guerre des écrivains d'Apollinaire à Zweig» (présenté par Antoine Companon, Gallimard 2014, a été cédé à 1 140DA ; les ouvrages de Camus, Stefan Zweig, Blaise Cendrars, Tahar Ben-djelloun, etc. à des prix variant entre 500 et 800 DA). Ce qui n'a pas été le cas pour les éditions L'Harmattan qui ont attiré le public-lecteur mais qui fut surpris par les prix pratiqués : «Diversités littéraires algériennes», ouvrage de 150 pages coté à 2 200 DA ! Pareil pour les maisons d'édition en arabe, à part quelques-unes qui se comptent sur les doigts d'une main. Questions livres exposés : sans crainte d'être contredit, la quasi-totalité des titres proposé à la vente sont présents depuis un bon moment chez les grands libraires nationaux. C'est le cas pour la série d'ouvrages de Yasmina Khadra, de Camus, des classiques pour ce qui est de la littérature ; pareil pour les essais à caractère politique, économique, les traités de médecine, d'informatique, etc. Avis d'un visiteur à la 1a 19e édition du SILA M'Hamed Slimani , ingénieur de son état, interrogé sur la tenue de cette 19e édition du SILA, nous a livré ses impressions : «C'est le jour de la fête de l'Achoura que je me suis rendu à la Foire du livre d'Alger. Il y avait plein de monde en ce jour chômé et payé et il m'a fallu près d'une heure pour garer mon véhicule dans le parking de l'Onafex. Les visiteurs, il y en avait de toutes les catégories sociales, et ce ne sont certainement pas tous des fans passionnés de lecture. Beaucoup de badauds flânaient en simples touristes tandis que d'autres emportaient des ouvrages dans des sachets ou cartons, effectuant visiblement des opérations d'ordre commercial. Constat: il est clairement apparu que la gestion de l'organisation de cette manifestation culturelle annuelle - qui a pourtant bénéficié du délai de plusieurs mois de préparation,- laissait à désirer. Au plan exposition d'ouvrages, franchement il n'y avait pas grand-chose : nombre de nouveaux titres importants traitant de l'histoire du pays, ne sont pas disponibles sur les étals mis à part les anciens ouvrages. Au plan littéraire, on a beau chercher l'ouvrage annoncé de Kamel Daoud, «Meursault contre-attaque», aucune trace du livre. Pareil pour des ouvrages de spécialité comme ceux traitant du génie civil qui n'offraient guère un éventail de choix. Et les rares titres approximatifs dénichés sont taxés au prix fort de 6 000 DA ! D'autres ouvrages intéressant différentes filières des étudiants brillent tout autant par la cherté de leur coût. C'est à se demander où est cette politique du livre que nos institutions publiques disent prôner ' Autre constat : l'emplacement actuel du SILA semble inadéquat, en ce sens qu'il paraît très restreint, gênant considérablement le déplacement des visiteurs d'un stand à l'autre. Il me semble que la tenue de la manifestation dans le site naturel des chapiteaux en plein air jouxtant le stade du 5-Juillet à Cheraga, comme cela a été tenté auparavant, est plus appropriée de par son périmètre spacieux. Bref l'édition de cette année a été une déception et ce ne sont pas les éditeurs et les visiteurs qui nous contrediront. Il appartient aux responsables concernés de faire en sorte qu'à l'avenir la foire du livre soit une fête véritable de la culture et non du mercantilisme». Une large couverture médiatique Autre fait à signaler lors de cette 19e édition du SILA, c'est la large couverture audiovisuelle assurée par des équipes TV et radio algériennes et quelques autres étrangères, la radio Chaîne III chapeautant l'ensemble de l'espace média au SILA partagé par toutes les chaînes de la Radio nationale. Ces dernières transmettant toutes en direct des émissions consacrées à la lecture et au livre. Les télévisions publiques et privées algériennes n'ont pas été en reste, ayant installé, elles également, leurs plateaux pour des émissions quotidiennes sur le SILA. Ainsi, plusieurs auteurs ont été conviés, en la circonstance, à présenter leurs publications ou à débattre de questions sur le thème de l'engagement dans la littérature, les perspectives de la littérature de renouvellement, l'édition, la lecture publique, le soutien aux auteurs, etc. Parmi les représentants des médias étrangers, il y a eu la présence coutumière de médias français avec pour la première fois, celle de la télévision française TV5 Monde qui a consacré au 19e SILA un numéro de son émission «Maghreb Orient-Express. La 19e édition du SILA a finalement clôturé sa fête du livre qui ne semble pas avoir tenu toutes ses promesses, cette année, c'est du moins l'avis de la plupart des éditeurs-exposants. Il n'y a pas eu le grand public habituel des lecteurs qu'il ne faut pas confondre avec le nombre de gens affluant au salon d'expositions d'ouvrages, la lecture paraissant aussi être en relatif recul par rapport aux années précédentes. Mais il est vrai que, concernant ce point, la toile de l'Internet a accoutumé le public-lecteur à la multiplicité d'ouvrages, y compris les plus récents en diverses disciplines, contribuant à court-circuiter, en quelque sorte, le grand intérêt porté habituellement au livre mais ceci est une autre histoire... Un point d'honneur, malgré tout, pour cette 19e édition du SILA, c'est le magnifique espace consacré aux enfants et qui a connu une réussite sur toute la ligne. En attendant que les prochaines éditions puissent s'annoncer meilleures pour toutes les catégories de visiteurs... (suite et fin)




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