Algérie

Une disposition qui inquiète les entreprises


Contenue dans la loi de finances complémentaire 2009, la disposition instaurant le système de paiement par crédit documentaire est appliquée depuis le 2 août dernier. Ainsi, toutes les opérations d'importation se font désormais exclusivement sous couvert de cette garantie bancaire, qualifiée de drastique par les entreprises importatrices qui jugent la mesure excessive et plus profitable aux vendeurs qu'aux acheteurs.La nouvelle exigence du gouvernement, contenue dans l'article 69 de la LFC 2009, vise pourtant, selon les explications du ministre des Finances, Karim Djoudi, à réduire la facture d'importation et est également pensée comme un instrument devant assurer la traçabilité des produits et instaurer un contrôle plus rigoureux. En mettant fin au transfert libre supérieur à 100 000 DA, les autorités qui essuient des critiques acerbes depuis des semaines restent fermes ' même si certains assouplissements ont été introduits ', estimant que le crédit documentaire est la seule procédure à même de garantir les intérêts des entreprises et de l'économie nationale mise à mal par une facture d'importations colossales. En pratique, le crédit documentaire, par abréviation Credoc, signifie que les banques de l'importateur prennent l'engagement de garantir à l'exportateur le paiement des marchandises ou l'acceptation d'une traite, contre la remise de documents attestant de l'expédition et de la qualité des marchandises prévues dans le contrat. La garantie est possible, dans ce cas-là, grâce au dépôt effectué par l'importateur auprès de sa banque de la totalité de la somme nécessaire au paiement des marchandises commandées, un document est alors signé et la banque se porte garante.L'exercice, séduisant en théorie, est jugé pourtant périlleux dans les faits, et susceptible de produire des effets de lourdeurs dans les transactions commerciales et d'induire à la longue des pénuries de produits indispensables à la consommation, mais aussi à la bonne marche des entreprises qui ont besoin de matières premières pour leur production. Des craintes qui sont certainement justifiées étant donné la grande dépendance de notre pays des importations qui ont atteint 40 milliards de dollars en 2008 et qui sont indispensables dans de nombreux secteurs économiques, mais aussi pour la consommation courante. Face aux nombreuses critiques, le gouvernement a d'ailleurs assoupli les mesures en question pour éviter notamment les ruptures de matières premières nécessaires à la production nationale. Ainsi les banques qui ont entamé des opérations de vulgarisation de la mesure liée au crédit documentaire ont signifié par ailleurs qu'elles allaient prendre les dispositions nécessaires « en faveur de leur clientèle important des produits semi-finis et des intrants nécessaires à la production nationale ». Selon l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF), il s'agit « d'atténuer au maximum les contraintes de trésorerie et les coûts d'engagement et de mobilisation des crédits documentaires ». D'après Abderahmane Benkhalfa, délégué général de l'ABEF, qui s'exprimait dans El Watan, « il sera question du rééchelonnement de la couverture du crédit sur une période pouvant aller jusqu'à une année ». « Les banques mettront en place des formules moins contraignantes pour atténuer les coûts de la Trésorerie au profit du client », ajoute-t-il, précisant que ces mêmes banques vont intervenir en aval pour diminuer les coûts des commissions bancaires, même pour l'exportateur. « De son côté, Mohamed Loukal, président-directeur général de la BEA, cité par l'APS, au lendemain de l'entrée en vigueur de la mesure du crédit documentaire, estimait que les entreprises bancables « importatrices des matières premières », et celles important certains produits stratégiques seront concernées par un mode de paiement réaménagé. Il consisterait, en cas de nécessité, à mettre « en place une ligne de trésorerie supplémentaire à l'effet de permettre aux clients importateurs de bénéficier d'une aisance de trésorerie sous forme de crédit relais ». Dans le cas où l'importateur, à la fin de l'échéance, est incapable d'honorer son crédit, la BEA, estime M. Loukal, se propose de transformer son Credoc en « crédit relais ».
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