Algérie

Une diplomatie à réinventer LES HAUTS ET LES BAS DE LA POLITIQUE ETRANGÈRE DE L'ALGERIE



Une diplomatie à réinventer                                    LES HAUTS ET LES BAS DE LA POLITIQUE ETRANGÈRE DE L'ALGERIE
Yasser Arafat à l'ONU, l'heure de gloire pour la diplomatie algérienne
On assiste au déclin d'un secteur pourtant connu pour être le vivier des compétences qui ont fait le bonheur de l'Algérie.
Un fax daté du 20 novembre 2011 émanant du ministère des Affaires étrangères atterrit à la rédaction. Le document invitait les responsables des organes médiatiques à une rencontre informelle avec le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, pour la journée du 24 décembre 2001. Le lendemain, soit le 21 novembre, un autre fax annule le premier au motif que M.Medelci se rendrait à une réunion du Conseil des ministres de la Ligue arabe. Or, la tenue de cette réunion était connue bien avant le 21 novembre. Voilà donc un échantillon de l'anarchie qui règne dans le département des affaires étrangères.
Un département qui a pourtant connu ses heures de gloire depuis le début des années 1950. C'est durant cette période que la diplomatie algérienne s'est construite, tirant ses référents doctrinaux de la Conférence de Bandung du 18 avril 1955 en Indonésie. Deux jeunes Algériens de l'époque, Hocine Aït Ahmed et M'hamed Yazid, ont fait connaître la cause algérienne sur la scène internationale. C'était l'époque «du droit des peuples à l'autodétermination et la décolonisation». A la même époque, un certain Yazid Chanderly réalisait des prouesses diplomatiques à New York. Doué d'un profond sens du lobbying, M.Chanderly avait ses réseaux dans les principales rédactions de la presse US. Son travail de coulisses avait pesé sur la position américaine qui a amené, en juillet 1957, le candidat démocrate J. F. Kennedy à plaider la cause algérienne au Sénat.
Cette action dans les coulisses était doublée par un travail de terrain animé avec brio par Belkacem Krim, un jeune au style félin. Il tisse des réseaux et des amitiés, noue des relations pour la cause algérienne. La diplomatie estampillée par le maquisard Krim est née. C'est lui qui mena avec panache les négociations d'Evian et signé l'acte d'indépendance du pays. Forte de ce socle bâti par les baroudeurs de la guerre de Libération, l'Algérie naissante voyait très grand dès les premières années de l'Indépendance en 1962. Le bref passage de Mohamed Khemisti à la tête du ministère des AE, 1963- 1964, était suivi par un règne de près de 14 ans de Abdelaziz Bouteflika à la tête de ce ministère qui avait alors connu ses grands moments de gloire. C'est lui qui avait rallié la communauté internationale pour exclure de l'ONU les représentants du régime sud-africain pour sa politique d'apartheid. L'Algérie avait le coup d'éclat d'imposer le leader palestinien Yasser Arafat à l'Assemblée générale. Elle avait parrainé la réconciliation entre l'Iran et l'Irak en 1975. L'Algérie a été le premier pays à mettre en avant le Nouvel ordre mondial. Le président Houari Boumediene avait posé la problématique des droits des pays du tiers-monde au développement. C'était également durant cette période de gloire diplomatique (1964-1973) que l'Algérie a porté a porté à bras-le-corps tous les mouvements de libération d'Afrique, d'Asie et même d'Amérique latine avec comme résultats l'indépendance de l'Angola, du Mozambique, de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert pour ne citer que ces pays.
L'Algérie était déterminée à fédérer aussi bien le Monde arabe, le Maghreb que les pays non alignés dont elle a été longtemps le porte-parole. Près de 50 ans plus tard, l'Algérie fonctionne toujours avec les mêmes références et les mêmes réflexes baignant dans le mythe d'une diplomatie de la gloire qui a fait son temps. Notre diplomatie est presque archaïque. Elle fonctionne toujours avec le logiciel du droit des peuples à l'autodétermination. Un disque dépassé, qui ne fonctionne plus. Il y a onze ans qu'on a changé de siècle! Il faut maintenant s'interroger si la diplomatie algérienne doit défendre des principes ou des intérêts. Il est admis aujourd'hui que la diplomatie est une véritable machine de guerre au service du pays. Est-ce le cas de notre diplomatie' Le ministère des Affaires étrangères a-t-il su préserver les acquis de l'âge d'or de la diplomatie' A voir les piètres résultats de ces dernières années, la réponse est non et les exemples ne manquent pas. Les AE multiplient les impairs depuis 2005: l'affaire de le candidature d'un Algérien au Comité des droits de l'homme de l'ONU qui a été retirée au profit de l'Egyptien. Cinq ans plus tard, ces mêmes Egyptiens n'ont pas tari..d'insultes envers notre peuple et nos martyrs face à une diplomatie algérienne au profil plus que bas. L'affaire de l'adhésion de l'Algérie à l'Unesco lamentablement gérée. Là encore, notre ministère des Affaires étrangères a préféré soutenir le candidat égyptien contre le candiat algérien!
L'affaire du diplomate Mohammed Ziane Hasseni humilié en France sans que notre diplomatie ne réagisse...sans compter les impaires commis dans la gestion des révoltes arabes, la liste est loin d'être exhaustive. De l'avis des observateurs, la diplomatie algérienne n'a pas su se redéployer dans un environnement international meuble, à tel point que ces mêmes observateurs parlent d'une diplomatie à la dérive. On assiste en effet, au déclin d'un secteur pourtant connu pour être le vivier des compétences qui ont fait le bonheur de l'Algérie.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)