Algérie

Une des rares Algériennes virtuoses du qanoun



La musicienne Karima Chaâbane, une des rares musiciennes algériennes virtuoses du qanoun, cofondatrice de l'orchestre Saoura de Béchar (une vingtaine de musiciens), puise son jeu de sa passion pour cet instrument de musique et de son amour pour la musique algérienne et arabe. Détentrice d'un master de langue espagnole qu'elle enseigne dans un lycée à Béchar, Karima a appris à jouer du qanoun grâce à sa ténacité et son talent avéré, ce qui l'a incité à contribuer à la création de l'orchestre Saoura dont elle est l'unique femme membre, grâce à son jeu jugé «excellent» par plusieurs musiciens, artistes et mélomanes locaux. «À cause de ma passion pour la musique, j'ai toujours rêvé de jouer d'un instrument de musique et ma première rencontre a été avec le violon, puis je suis passé au luth, mais je ne suis pas parvenue à maîtriser leur jeu, malgré tous les efforts déployés pour parfaire ma maîtrise de ces deux instruments, jusqu'à ce que l'artiste Ammar Amroun, musicien- compositeur de musique de films et chef de l'orchestre Saoura m'ait dirigé vers le qanoun», a-t-elle révélé.Ammar Amroun a été le premier musicien à lui recommander et l'encourager à jouer du qanoun, prédisant même qu'elle allait être une virtuose dans le jeu et la maîtrise de cet instrument. Son penchant et sa connaissance théorique et pratique de la musique algérienne et arabe, lui ont permis, par la suite, de le jouer avec «perfection et dextérité», a-t-elle confié. «Pour moi, dit-elle, le qanoun est un instrument de régulation de l'oeuvre orchestrale, avec ses sonorités spécifiques, sa particularité et son rôle pivot entre les solos des instruments musicaux arabes et algériens», ajoutant que «le qanoun, à travers ses sonorités particulières a trouvé même sa place dans les musiques de pays non arabes, ce qui prouve la beauté de ses sonorités».
Pour cette musicienne, l'Algérie est une scène fertile pour de nombreux genres musicaux profanes et sacrés, grâce à sa diversité culturelle et constitue un «grand gisement des arts musicaux», dont certains, comme le raï, ont connu le succès à l'international.
Karima estime que beaucoup d'autres genres et styles musicaux nationaux peuvent obtenir ce succès international, notamment ceux de l'Imzad et du chellali, el- houl et le diwane. S'agissant de la présence de la femme algérienne dans le domaine artistique et musical, Karima Chaâbane déclare que la femme algérienne «a réalisé de nombreux progrès en matière de production culturelle, littéraire, cinématographique, théâtrale et musicale».
Cependant, sa présence dans le domaine de la création musicale «vacille encore derrière sa condition sociale et les traditions, ce qui explique que le champ musical est l'apanage des hommes, à l'exception de quelques rares femmes-musiciennes et artistes présentes au sein d'orchestres et autres groupes musicaux à travers le pays», fait-elle remarquer. Cette réalité a poussé Karima à percer ce vide négatif et à contribuer à la création de l'orchestre Saoura, avec des amis musiciens à Béchar, pour jouer en son sein le qanoun. «En tant que passionnée de la musique algérienne et arabe, mes aspirations sont de réaliser une oeuvre musicale à succès national et international avec mon instrument qui a été longtemps un instrument de musique d'hommes, pour refléter la richesse musicale et culturelle de mon pays», affirme la musicienne. Si Karima Chaâbane est désormais reconnue en tant que musicienne virtuose et innovante par des spécialistes de musique, un long chemin lui reste à parcourir pour se faire connaitre davantage sur la scène artistique nationale et permettre au public de la connaitre amplement.
L'artiste rêve d'une participation de son orchestre à un grand festival national ou international pour faire étalage de sa dextérité et faire la promotion de la musique de son orchestre, chargée et imprégnée du patrimoine musical du Sud-Ouest du pays, voire d'autres régions.


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