Algérie

Une dérive mortelle


Malgré 40 morts depuis le putsch du 25 octobre, la population soudanaise est de nouveau appelée à de nouvelles manifestations aujourd'hui pour maintenir la pression sur les chefs militaires conduits par le général Abdelfatah al-Burhane qui n'entendent toujours pas restituer le pouvoir aux civils.De vives réactions ont accompagné la répression de la semaine dernière qui a fait 16 victimes, face aux forces de l'ordre tentant d'empêcher la poursuite de la contestation. L'Union africaine a condamné le recours à ces mesures «excessives» et les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Norvège, membres de la troïka sur le Soudan, ont qualifié la répression d' «intolérable». Depuis le 25 octobre, le général al-Burhane, devenu chef de l'armée au lendemain de la chute de l'ex-président Omar El Béchir, a mis fin à une transition chancelante en ordonnant l'arrestation de la plupart des membres civils du défunt Conseil souverain, y compris le Premier ministre Abdallah Hamdok, enlevé pendant plusieurs jours avant d'être assigné à résidence.
Ce faisant, al-Burhane a clos le chapitre d'une union sacrée entre civils et militaires pour instaurer l'état d'urgence, dans un Soudan qui n'a pas fini de manger son pain noir. Il n'a sans doute pas prévu l'ampleur de la protestation car les Soudanais sont descendus par milliers dans les rues de Khartoum et Oum Dourman, la ville-jumelle, mais aussi dans d'autres localités, pour exiger un retour immédiat à un pouvoir civil., Faisant fi de la répression, hier, des militants de l'Association des Professionnels Soudanias (APS), un des fers de lance de la révolte populaire qui a déboulonné Omar El Béchir en 2019, ont investi les réseaux sociaux avec un nouvel appel à «La marche du million», en ce 21 novembre, qui fait craindre un nouveau bain de sang dans la capitale soudanaise.
L'objectif est de contraindre les militaires à céder le pouvoir aux civils au moment où les condamnations de la communauté internationale se font de plus en plus pressantes. Il faut dire que les images de la journée du mercredi 17 novembre, la plus meurtrière depuis le putsch d'al-Burhane, ont suscité une vague d'émotions soutenue, d'autant que le syndicat des médecins, proche de la contestation et principale source d'informations sur le bilan des affrontements, a indiqué, hier, qu'un adolescent de 16 ans, touché par les projectiles des forces de l'ordre à la tête et aux jambes, mercredi dernier, a succombé à ses blessures. Ce décès vient s'ajouter à celui d'autres adolescents tués au cours des manifestations antérieures, portant le bilan à 40 victimes alors que les forces de l'ordre n'en compte qu'une seule et 30 blessés contre 89 en leur sein. L'APS évoquait, vendredi, des «raids contre des maisons et des mosquées à Khartoum», menés par les forces de l'ordre.
L'Union africaine multiplie les appels au calme, condamnant «dans les termes les plus forts» la répression, et réclame, à l'instar de la communauté internationale, un rétablissement de «l' ordre constitutionnel et de la transition démocratique».Peine perdue, al-Burhane et les militaires qui tardent à nommer un gouvernement, annoncé depuis plusieurs semaines, restent inflexibles et leur Conseil de souveraineté a reconduit tous ses membres militaires et sympathisants, au risque de plonger le Soudan dans une dérive mortelle.
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