Une démolition à haut risque à Ouled Bellil

La localité d'Ouled Bellil, située à la sortie est de la ville de Bouira, a connu avant-hier une journée mouvementée et deux tentatives de suicide évitées de justesse.Le motif : une opération de démolition de constructions illicites, où la force publique a été mobilisée. En effet, une quinzaine de véhicules de la Gendarmerie nationale ont été dépêchés sur les lieux afin de parer à tout débordement.Ainsi, c'est dans un climat électrique, où la population ne savait plus comment exprimer sa colère et sa désapprobation vis-à-vis de cette action, que les autorités ont tenté à plusieurs reprises de procéder à la démolition de seize bâtisses construites sans permis. Les citoyens ont constitué un bouclier humain autour de leurs bâtiments. "Si vous démolissez ma maison, démolissez-moi avec !" lâchera d'un ton rageur un citoyen concerné par cette opération.D'autres ont violemment pris à partie le conducteur du bulldozer en charge de cette besogne. "Tu n'as pas honte de démolir les maisons de tes frères ! Ton salaire est celui de la honte !" lui ont-ils dit. Le fond du problème est, selon les citoyens interrogés, que la plupart d'entre eux posséderaient des actes de propriété, mais n'ont pas obtenu au préalable de permis de construire. "Tous autant que nous sommes, nous avons des actes de propriété, mais les services concernés refusent de nous délivrer un permis de construire", ont-ils indiqué. D'autres ont dénoncé la politique de "deux poids, deux mesures" qui serait appliquée par les services de l'APC. "Certains n'ont ni acte ni permis et ils ont construit et ils ne sont pas inquiétés", dira un citoyen. Les gendarmes ont tout fait pour maîtriser la situation, mais par mesure de prévention, des brigades antiémeuteé ont été dépêchées sur les lieux. Le maire de Bouira a failli être lynché par la population en colère. "Je ne fais qu'appliquer la loi", a-t-il déclaré sous les huées.Vers 14h, des escarmouches ont éclaté entre la population et les forces de l'ordre, mais elles ont été très vite contenues. Finalement, l'opération de démolition a été "reportée" de peur que la situation ne tourne à l'émeute.R. B.