Algérie

Une démission sous la contrainte



Tayeb Belaïz n'est plus en poste depuis hier. Le président du Conseil constitutionnel a annoncé sa démission en fin de matinée. Son départ a été immédiatement perçu comme étant un élément qui complique davantage la tenue de la présidentielle à la date fixée.Abla Chérif - Alger (e Soir) - Il est 12h30, l'information tourne en boucle sur la plupart des chaînes de télévision privées, la toile est très active, et les étudiants très nombreux à manifester à Alger, comme ailleurs dans le pays, déjà informés (pour beaucoup) de la nouvelle qui vient de tomber.
Belaïz, l'un des trois B dont le départ est réclamé en force par les Algériens chaque vendredi, n'est plus en fonction. Un communiqué officiel émanant de l'instance concernée annonce qu'il a présenté sa démission lors d'une réunion avec les membres du Conseil constitutionnel avant de souhaiter que «Dieu préserve l'Algérie et le peuple algérien vaillant de tout danger». Dans les rues d'Alger, les étudiants laissent éclater leur joie et demandent instamment le départ des deux autres B restants. Comme le reste des Algériens, ils sont aussi dans l'attente d'un discours que doit prononcer le chef d'état-major, seul maître du jeu depuis la démission de Abdelaziz Bouteflika le 2 avril dernier. Depuis deux jours, des cercles bien informés laissaient entendre que celui-ci allait sans doute évoquer le «cas» Belaïz dans son intervention. Evoquant des sources sûres, plusieurs médias télévisés ont rapporté hier que le président du Conseil constitutionnel avait démissionné sous pression de Gaïd Salah.
Tayeb Belaïz, dit-on, a été reçu longuement, la veille, par Abdelkader Bensalah. Du contenu des discussions ayant été abordées entre les deux hommes très peu d'éléments ont filtré.
Dans son entourage, on affirme, cependant, qu'il avait, depuis un moment, l'intention de quitter ses fonctions, et qu'il souhaitait ne pas le faire sous la contrainte. A des intimes, il a également avoué sa déception de voir les Bouteflika démissionner sous pression. Selon lui, le départ du Président et de sa famille aurait dû intervenir avant le discours menaçant de Gaïd Salah, ce qui leur aurait assuré une «sortie» moins humiliante que celle qui a eu lieu.
L'image l'a frappé, dit-on encore, une raison pour laquelle il aurait décidé de se retirer avant d'y être forcé. C'est aussi une manière, assure une autre source, de dire au mouvement populaire qu'il avait bien reçu le message que des millions d'Algériens lui adressent depuis de longues semaines. Avec Bedoui et Abdelkader Bensalah, Belaïz est l'un des symboles du régime dont le départ est exigé par les foules. Caricaturé, très fortement critiqué, son portrait a été, vendredi, symboliquement accroché à une poubelle par les manifestants qui criaient «dégage».
Sa démission, il faut le dire, s'est ajoutée comme un élément supplémentaire, un argument de plus, à tous ceux qui affirment que la tenue de la présidentielle à la date fixée, le 4 juillet prochain, tient de l'impossible.
A. C.


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