Algérie

Une démarche réaliste



Les Etats-Unis paraissent se tourner vers le Maghreb, plus singulièrement encore vers l?Algérie, pays déjà partenaire dans le domaine énergétique, mais qui conforte davantage cette position à la faveur de la coopération engagée par les deux pays en matière de nucléaire civil. Un tel resserrement des liens entre deux pays aussi géographiquement éloignés peut avoir été rendu possible par l?extrême prudence avec laquelle l?Europe voisine, plus particulièrement encore la France, s?investit dans les échanges avec l?Algérie au moment où celle-ci est soucieuse de mener à bien les réformes utiles à son redressement. L?Algérie se trouve être maintenant dans une conjoncture favorable avec un volume de réserves de change qui la positionne comme un pays fiable dont la prospérité s?adosse à une stabilité retrouvée. A telle enseigne qu?il est malencontreux, comme ont pu le faire certaines capitales occidentales, d?évoquer encore un « risque Algérie ». En multipliant les délégations en Algérie, en s?attachant à prendre des parts de marché dans des secteurs stratégiques de l?énergie, et a fortiori du nucléaire, les Etats-Unis donnent le sentiment de vouloir être les premiers sur un terrain qu?ils jugent prometteur. Ils prennent de vitesse, selon toute évidence, un pays qui, comme la France, ne paraît pas encore s?être vraiment libéré des pesanteurs historiques qui marquent ses apports avec l?Algérie. Sans aller jusqu?à parler de clause de la nation la plus favorisée, il est manifeste que l?Algérie est, avec l?Allemagne, le pays dans le monde qui a les plus forts liens avec la France. Le quasi-voisinage, une histoire violente mais néanmoins partagée, l?usage en Algérie de la langue française en sont des vecteurs forts. Ces liens sont dissipés par l?irruption de considérants idéologiques qui peuvent donner à croire aux Algériens qu?il persiste en France le piège de l?arrière-pensée politique comme en a attesté cette tentative de valider par une loi le rôle positif du colonialisme. A ce niveau-là, qui n?est pas banal, les Etats-Unis sont indemnes de tout grief et ils en tirent manifestement argument pour entreprendre ce que d?aucuns considèrent comme un forcing en direction de l?Algérie. Dans le panel des offres américaines figure cette idée d?une base militaire en Afrique sur laquelle il est difficile de se prononcer faute d?en savoir le pays d?implantation, étant entendu par ailleurs que tout Algérien est hostile par essence à la présence étrangère dans des pays souverains, d?autant plus si elle revêt un caractère militaire. Il ne peut pas y avoir d?initiative innocente, pas plus de la part des Etats-Unis que de toute autre puissance et la proposition du président français de constituer une Union méditerranéenne articulée autour de la Turquie, si celle-ci n?entre pas dans l?Union européenne, posera bien des questions aux pays de la région. Dont celle de savoir si les unions qui valent ne sont pas d?abord celles qui sont librement consenties. Sans préjuger de l?avenir, il est peu probable que sur ce chapitre encore prospectif, comme dans ses relations avec les Etats-Unis, mais pas seulement eux, l?Algérie aura à c?ur de défendre ses intérêts. Pour la simple et pragmatique raison que personne ne le fera à sa place.


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