Algérie

Une découverte et un ravissement


Les deux premières pièces présentées dans le cadre de ce festival auront été diversement appréciées par le public. MostaganemDe notre bureau Jouée peu avant 17h, devant une salle presque vide, la pièce Nefsi Nefsi, de la troupe universitaire de Sidi Bel Abbès, fortement inspirée de l''uvre de Tewfik El Hakim, peut être classée dans le théâtre expérimental que cette association tente de pratiquer avec quelques satisfactions. En s'inspirant de la Comedia dell'arte, comme le soulignera à maintes reprises Bouadjadj Ghalem Ilyas le réalisateur, la pièce aura fait un saut dans l'inconnu. Et c'est paradoxalement cette volonté de s'ouvrir vers une nouvelle expression théâtrale, très peu usitée sous nos cieux, que les comédiens, tous étudiants, auront fait montre d'une certaine audace. Celle-ci leur sera par moments très bénéfique, car certaines répliques, où l'on devinait toutefois un fil conducteur, laissaient une certaine part à une improvisation calculée. Car au départ, la tâche n'était pas aisée. En effet, comment adapter un texte d'auteur à cette forme d'expression médiévale où un simple canevas servait de repère à des comédiens qui faisaient tout dans l'improvisation ' Tout comme les troubadours des temps anciens ou les gouals de nos marchés. Lors de ces moments, le spectateur se laissera emporter par le jeu des acteurs. Faisant montre d'une très bonne maîtrise, les comédiens parviendront aisément à contourner l'obstacle que cette forme d'écriture scénique imposait. Sans parvenir à convaincre tout le monde, les étudiants de l'association El Khachaba Eddahabia auront réussi à faire adhérer à leur démarche les partisans d'un théâtre en mouvement.« La Harga doit changer de camp ! »La divine surprise viendra de cette très jeune troupe kabyle qui interprétera sur un rythme soutenu la pièce intitulée Ulac el harga ulac. S'inspirant du théâtre si cher à Kateb Yacine, Houche Abderrahmène, le metteur en scène, vieux routier de l'art scénique, fera un subtil et parfois succulent mixage entre les chants du répertoire kabyle et de courtes scènes où les danses se laisseront pacifiquement entrecouper par des dialogues en tamazight, où l'ensemble des maux sociaux qui gangrènent la société algérienne seront appelés à la barre, pour dire la douleur des femmes, la souffrance des mères, le calvaire des jeunes chômeurs et la tragédie des harraga, ces amateurs d'émigration clandestine. De l'émotion à profusion, portée par une brassée de jeunes comédiens, fraîchement descendus du fier Djurdjura, pour apporter une message autrement plus percutant que celui en vogue depuis un certain temps. C'est un théâtre de contestation juvénile auquel nous auront conviés ces Kabyles malicieux parmi lesquels un certain « Kaci Ould Ed-Douar » qui ne se lassera pas de répéter que « la harga doit changer de camp ». Heureux choix que celui de la commission de sélection. Il reste au jury à confirmer l'essai, car e voit pas comment des comédiens aussi fougueux, aussi talentueux et aussi sincères peuvent être ignorés lors de la consécration finale. Ce sera le 28 juin, premier anniversaire de cette troupe à la fougue contagieuse. Avec ce spectacle authentique et dépouillé, les 9 garçons et filles d'Iferhounène peuvent aller très loin.
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