Algérie

Une décision "totalement injustifiée"



Une décision
Les injonctions dans le fonctionnement de l'économie nationale se sont traduites, dans la plupart des cas, par des fiascos.Les récentes déclarations à Oran du ministre du Commerce, annonçant de nouveaux projets de raffineries de sucre, ont fait réagir des experts très au fait du secteur en Algérie. Pour ces anciens cadres supérieurs de l'industrie agroalimentaire, la création de quatre nouvelles raffineries est "totalement injustifiée". Ils ont choisi le langage des chiffres pour développer leur argumentaire sur ce qu'ils avancent comme observations. Ali Nazef, un érudit de la filière sucrière, voire de l'agroalimentaire en général, décide, suite à la sortie médiatique du premier responsable du département du Commerce, d'apporter ses éclairages en direction de l'opinion publique nationale et d'attirer surtout l'attention des décideurs et des investisseurs nouveaux concernés quant à cette mauvaise piste que compte suivre résolument le gouvernement. Il bâtit, ainsi, son argumentation à partir des statistiques du marché national.Les capacités de production quotidiennes des raffineries privées et celles privatisées opérationnelles sont estimées, dit-il, à8 000 tonnes environ pour des besoins du marché qui se situent entre 3 600 et4 000 tonnes/jour, soit 1 400 000 tonnes/an maximum. À cela, M. Nazef ajoute les capacités des 3 nouvelles raffineries en cours de construction au centre, à l'ouest et à l'est du pays (à des taux d'avancement moyens de70 à 80%) dont le tonnage de production global avoisine les 3 000 tonnes/jour. Ainsi, souligne notre source, "vers la fin du 1er trimestre 2016, l'Algérie disposera d'une capacité de production globale de 11 000 tonnes/jour alors que les besoins du pays n'excèdent pas les4 000 tonnes/jour, soit un excédent de production proche de 200%". Poursuivant son analyse, l'expert dira : "Ces derniers jours, les citoyens ont appris le lancement de quatre nouveaux projets dans la production de sucre blanc pour, dit-on, mieux couvrir le marché algérien. Cette annonce soudaine survient comme par hasard juste après une tension de quelques jours dans certaines wilayas."La production des raffineries existantes étant régulière depuis plusieurs années, affirme-t-il, ce sont, en fait, les spéculateurs qui, périodiquement, cherchent à se faire plus de l'argent en suscitant des hausses de prix temporaires. Comme en 2011, le problème réside, argue-t-il, dans "la fiabilité du réseau commercial et la nécessaire transparence du marché qui est battue en brèche par certains spéculateurs qu'il convient d'identifier et de sanctionner conformément aux dispositions de la loi en vigueur". Ces trois raffineries en cours de réalisation vont, par conséquent, mettre sur le marché de grosses quantités de sucre blanc qu'elles écouleront forcément par leurs propres réseaux commerciaux qui concurrenceront les distributeurs actuels. Il est prouvé qu'une offre abondante permettra, en principe, une disponibilité considérable surtout à des prix plus compétitifs."Pour leur survie, les producteurs actuels comme les unités de production en cours de montage seront contraints d'exporter des quantités substantielles afin de garantir un seuil de rentabilité à leurs sociétés respectives", commente notre source. L'arrivée sur le marché de trois nouveaux investisseurs va, avertit-il, perturber sérieusement l'évolution normale d'un secteur stratégique, et se traduira, à coup sûr, par des pratiques déloyales, des faillites et autres conséquences fâcheuses pour les investisseurs, leurs travailleurs et les banques qui participeront aux financements. Au lieu d'agir dans la précipitation, avec entêtement, et induire en erreur de nouveaux porteurs de projets sous prétexte d'appuis politiques de quelques "officines non averties", il serait plus judicieux, suggère-t-il, d'assister les projets en cours pour entrer en production dans un proche avenir, d'autant plus que la Banque d'Algérie a déjà financé en devises les équipements.Les spéculateurs à l'origine des perturbations sur le marché"Le maintien des projets annoncés récemment dans la presse nationale et confirmés par le président du FCE entraînerait inutilement une nouvelle ponction de dizaines de millions d'euros sur nos réserves de changes qui méritent au contraire une meilleure utilisation en ces temps de crise", déplore cet ancien P-dg d'entreprises publiques économiques. "Les responsables de la Banque d'Algérie comme les Douanes nationales, les banques publiques et l'Andi, entre autres organismes, doivent bloquer tout investissement non productif et a fortiori contraire aux intérêts du pays ou pouvant nuire implicitement à tel ou tel opérateur économique ayant un différend avec un ministre en poste", soutient Ali Nazef. Plus explicite, cet ancien manager demande "aux responsables politiques de laisser l'économie fonctionner selon les règles qui sont les siennes, c'est-à-dire suivant le principe de l'offre et de la demande et d'investir utilement pour couvrir de vrais besoins et faire des bénéfices". Car, explique-t-il, les injonctions et autres interventions des politiques dans le fonctionnement de l'économie nationale se sont traduits, dans la plupart des cas, par des fiascos. Et de conclure : "Il ne faut pas torpiller les industries existantes et gaspiller inutilement une partie substantielle des devises de la Banque d'Algérie."La réaction de ce connaisseur du marché du sucre se veut, en fait, une prise de position réfléchie et assumée contre des décisions destinées "soi-disant à juguler une crise du sucre avec de fausses solutions tout en gaspillant davantage de devises et ruinant les efforts d'investisseurs respectables qui, depuis de longues années, ont non seulement réussi à couvrir les besoins du marché, mais aussi à exporter leurs productions..."B. K.




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