Algérie

Une décision salutaire!



Tous les grands mentors politiques l'évoquent, en parlent souvent, sans jamais cependant se décider à franchir le pas. Tous estiment ainsi qu'il faut savoir passer la main et laisser la place aux jeunes générations mais, dans le même temps, tous envisagent cette perspective dans un avenir assez lointain... Cela nous change un peu de constater qu'un leader politique ait estimé qu'il était temps pour lui de vraiment s'effacer pour permettre l'avènement de la relève dont le parti a besoin. Il semble de la sorte, qu'il y ait un début à tout, y compris celui de réaliser le geste, symbolique certes, mais combien lourd de signification, de lâcher le précieux fauteuil de président de parti. Mettant à profit le congrès de son parti, le Rassemblement pour la culture et la démocratie, Saïd Sadi, inamovible dirigeant et l'un des fondateurs du RCD a, en conséquence, annoncé qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat à la tête du RCD. «Je vous annonce ma décision de ne pas me représenter au poste de président du RCD», a déclaré M.Sadi dans le discours inaugural à ce congrès, et d'ajouter: «J'ai longuement réfléchi.» On comprend que la décision de prendre sa retraite politique n'a pas été facile, mais cela est tout à son honneur de saisir le fait qu'il était (réellement) grand temps de céder le gouvernail du navire «RCD» à une génération qui piaffe d'impatience dans l'antichambre de la direction du parti. La question n'est point ici de faire le procès de Saïd Sadi à la tête du parti, dire s'il a réussi ou échoué dans sa mission de conduire le RCD au pouvoir mais, plutôt relever le bien-fondé d'une décision en fait, attendue de longue date. Pas seulement de la part du patron du RCD, mais de tous les responsables politiques algériens qui s'incrustent dans leur fauteuil au point d'avoir découragé l'émulation et bouché toute perspective de renouveau de l'espace politique national. C'est toujours le premier pas qui coûte. Saïd Sadi a eu le mérite de le faire, il faut, dès lors, lui en savoir gré! Parce qu'il faut bien en convenir, aucun leader n'accepte avec philosophie qu'il est temps pour lui de céder la place, ne serait-ce que dans l'optique de préserver le parti et permettre l'émergence de nouveaux hommes politiques. Si donc, M.Sadi a su se retirer de la «table», d'autres leaders n'ont pas eu cette lucidité à l'instar de M.Aït Ahmed, leader au long cours du FFS. Hocine Aït Ahmed, que l'on ne peut taxer d'autocrate n'a pas, néanmoins, eu un comportement de cacique qui a beaucoup nui ces dernières années à son parti. Pourtant, c'est Hocine Aït Ahmed qui, dans sa jeunesse, eut ces fortes paroles, affirmant: «L'opposition, si opposition il doit y avoir dans l'avenir, ne peut se faire que sur la base d'idées, de conceptions, de méthodes et non pas sur l'approbation de tel ou tel chef.» Paroles oubliées, probablement remises à des jours meilleurs qui font qu'à son âge avancé, le fondateur du FFS en est toujours le leader et le président, quand de nombreux jeunes ont fini par abdiquer et quitter la politique alors qu'ils pouvaient apporter beaucoup à la construction de la démocratie. Ce sont là les aléas de la politique et, à l'instar de grands hommes passés par pertes et profits de l'Histoire, à l'heure des comptes, Aït Ahmed ne savait pas s'il fallait partir ou poursuivre. Question que Saïd Sadi a su résoudre au grand profit de son parti. Mais il n'y a pas que le FFS qui n'a pas su faire la part des choses. De fait, les crises, qui déchirent le FLN témoignent, au contraire, de l'esprit étriqué de ceux ambitionnant de gouverner l'Algérie. Ce qui fait, que ce sont les dinosaures et autres vieux chevaux de retour qui ont la haute main sur les affaires du pays depuis cinq décennies. Aussi, l'exemple du retrait de Saïd Sadi de la vie politique, tout en revenant à la militance de base, doit être sérieusement médité par ceux qui continuent à ratiociner «après moi, le déluge».


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