Algérie

Une décision de justice et des mises en demeure La grève des cheminots déclarée illégale



Le tribunal des référés d'Alger a déclaré, hier, illégale la grève des conducteurs et aides conducteurs des trains du dépôt d'Alger déclenchée samedi dernier. Cette décision leur a été notifiée en l'absence de leur avocat qui s'est retiré de l'audience dans les dernières minutes. La grève, bien qu'elle n'ait pas été suivie massivement, a quand même perturbé le mouvement des trains, y compris ceux de marchandises. Contacté hier pour connaître l'évolution de la situation depuis le déclenchement de la grève, le représentant de la fédération des cheminots notera que le mot d'ordre de grève illimitée n'a pas été suivi par tous les travailleurs du fait que la fédération des cheminots a déposé sa plate-forme de revendications sur la base de laquelle les négociations allaient débuter le 18 novembre. Le secrétaire chargé de l'organique, lors d'un entretien téléphonique, indiquera que les travailleurs ont été informés du dossier et en même temps sur sa teneur et sur la date de l'entame des pourparlers avec la direction. Hier à Alger, c'est une partie du personnel composé de chefs de train, contrôleurs et conducteurs chef de queue qui ont débrayé à la suite des remplacements des conducteurs et aides conducteurs par ce qui est appelé les « encadrants du train » (chef de contrôleurs et chef des conducteurs de queue) que la direction a réquisitionnés. L'on indique que les travailleurs rallient de plus en plus la grève et l'on affirme que 580 personnes de la maintenance et les conducteurs sont en grève. Le chiffre serait le même que celui enregistré à Constantine, Annaba, Tlemcen et également dans des unités des cheminots dans de nombreuses villes. Amplement suivi ou non ? Difficile d'avoir un pourcentage qui rende compte de la réalité du terrain. Les travailleurs grévistes soutiennent que ce débrayage est en passe de paralyser toute l'activité ferroviaire, alors que la direction et la fédération des cheminots soutiennent eux le contraire. A la fédération des travailleurs des chemins de fer, il est précisé qu'effectivement au moins une circulation sur les trois ou quatre programmées reliant Alger aux villes d'Oran, de Constantine ou encore Annaba et retour a été annulée à cause de ce débrayage. Les trains de banlieue, par contre, sont assurés dans plusieurs villes du pays et circulent normalement, est-il soutenu au niveau de la fédération. Pour ce qui est des navettes régionales Alger-Thénia et Alger-Affroun, 3 ou 4 sur 6 circulent. Les travailleurs ne s'étaient pas encore décidés, hier, sur les suites à donner à cette décision de justice, mais l'on parlait de grève de la faim que les représentants des travailleurs grévistes entameront dès aujourd'hui. La fédération, a indiqué le secrétaire de l'organique, qui reconnaît que les revendications mises en avant par les travailleurs sont légitimes et légales, prône la sagesse et « n'entend absolument pas lâcher les travailleurs ». A Oran, au troisième jour de la grève des conducteurs de trains et des agents de maintenance, l'activité ferroviaire a été marquée par l'annulation d'un seul départ sur Alger, celui de la mi-journée. Concernant le mouvement de grève qui se poursuit toujours au niveau du dépôt sis à Hay Dhaya (ex-Petit Lac), un nouvel élément est venu se greffer à une situation déjà confuse: 80 grévistes ont reçu des mises en demeure les sommant de reprendre le travail. C'est ce que nous ont confirmé hier quelques protestataires, qui soulignent également que cela n'est pas une solution et que la contestation continuera jusqu'à la satisfaction des revendications socio-professionnelles contenues dans une plate-forme remise à la tutelle depuis plusieurs mois. «La tutelle a ignoré jusqu'à maintenant nos doléances», devait ajouter un gréviste, qui rappellera au passage les «conditions de travail déplorables et la hausse des maladies professionnelles chez le personnel roulant ainsi que les risques encourus durant l'exercice de leur mission». Les mises en demeure a été notifiées, hier, par un huissier de justice. C'est ce que nous confirme une source de la direction régionale de la SNTF. Concernant l'éventualité d'un dépôt de plainte contre les grévistes, notre source indique que cela est envisagé, comme cela a été le cas pour les grévistes du dépôt du Hamma à Alger, avec la comparution, hier, des membres de la section syndicale devant le tribunal administratif, étant donné que cette grève est « illégale ». A Constantine, au dépôt de la SNTF de Sidi Mabrouk, qui sert de QG au personnel roulant, conducteurs de trains et aides mécaniciens (agents de conduite), en grève depuis samedi dernier, l'heure est à la mobilisation élargie depuis que les chefs de trains, les contrôleurs et le personnel sédentaire ont rejoint le mouvement. Le syndicat des travailleurs de la SNTF à Constantine affiche clairement son désir de durcir le mouvement: une grève générale n'est pas exclue, au cas où la plate-forme de revendications, notamment sur la revalorisation de certaines primes, n'est pas satisfaite par les négociations en cours à Alger avec la direction générale de l'entreprise. Pour l'exemple, les représentants des travailleurs soulignent «l'insignifiance de la prime de risque qui s'élève à peine à 500 dinars, soit 12 dinars par jour, la prime de traction, la prime de rendement kilométrique, l'IRDP, etc, eu égard à la pénibilité des postes de travail concernés et aux dangers encourus par les conducteurs de trains et autres mécaniciens. Au chapitre du trafic, à Constantine, nous dit-on, ce sont plutôt les trains de marchandises qui sont touchés par la grève, étant entendu qu'il y a très peu de trains de voyageurs en circulation, alors que le trafic des trains sur Alger, par exemple, est pour l'instant assuré.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)