Algérie

Une crise et des interrogations: Des cimenteries à l'arrêt et des chantiers au ralenti



La crise du ciment qui touche plusieurs régions cause beaucoup de soucis aux entrepreneurs du bâtiment et promoteurs immobiliers. Tout le monde parle de pénurie de ce matériau de construction, pourtant disponible au marché noir.

Cette équation reste difficile à résoudre pour les professionnels du bâtiment qui n'arrivent ni à expliquer cette crise ni à comprendre la disponibilité du ciment au marché parallèle, vendu à des prix multipliés par deux. A l'Ouest, au Centre et même au Sud, le ciment fait beaucoup parler de lui ces jours-ci. Entrepreneurs et promoteurs immobiliers sont dans le flou concernant les projets en chantier qui doivent être livrés dans les délais prescrits. Pourquoi cette crise ?

Les professionnels du bâtiment n'ont qu'une explication. La majorité des usines de ciment ont entrepris des opérations de maintenance de façon simultanée avec toutes les conséquences qui en découlent sur le marché. Résultat, des chaînes interminables au niveau des usines du ciment avec l'espoir d'être servis en quantité suffisante. Hélas, regrettent beaucoup d'entrepreneurs contactés hier, «après avoir fait le pied de grue durant des jours, nous avons eu droit qu'à une quantité insuffisante par rapport aux chantiers lancés». Cette situation qui dure, selon certains entrepreneurs depuis deux à trois mois, a créé une polémique.

Les entrepreneurs se disent otage de cette crise qui a chamboulé les délais de livraison de leurs projets. Un entrepreneur activant au centre du pays explique cette crise et la tension actuellement sur le ciment par la mauvaise programmation des arrêts des usines de Sour El-Ghozlane et de Meftah sans tenir compte de la demande pour ce matériau de construction en cette période de l'année qui a vu la relance de tous les chantiers qui étaient à l'arrêt à cause des intempéries. Cependant, la distribution n'a pas été suspendue dans cette région mais a diminué.

Un autre entrepreneur dans la même région et qui est aussi chargé de la communication au bureau national de l'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA), M. Yahiaoui, affirme que «vu que le ciment se fait rare au niveau de l'usine de Sour El-Ghozlane, nous avons été contraints d'acheter ce matériau au marché noir à raison de 1.120 DA le quintal pour éviter de suspendre les travaux dans les chantiers».

A l'est du pays, la cimenterie de Aïn Touta a diminué de cadence ces jours-ci. Selon un entrepreneur, «l'usine ne fonctionne plus avec le rythme habituel, nous avons constaté une diminution dans l'activité qui s'est répercutée sur la distribution». Le même problème se pose pour les entrepreneurs de l'Ouest. Selon un entrepreneur ayant plusieurs projets à réaliser dans cette wilaya, la situation se présente très mal pour les professionnels du secteur. «Mon chantier est à l'arrêt parce que mon stock de ciment a été épuisé et je n'arrive pas à m'approvisionner à l'usine de Beni Saf à cause de la longue chaîne des clients qui attendent depuis plusieurs jours». «Cette usine enregistre ces jours-ci des retards en matière de livraison et nous ne savons pas l'origine de ce problème. La pénurie persiste dans le marché et ce que je ne peux pas expliquer c'est la disponibilité du ciment chez les revendeurs à 400 DA le sac de 50 kg», dira cet entrepreneur.

On annonce une panne technique au niveau de la cimenterie de Zahana et qui a incité la direction à revoir la programmation de la distribution. Le directeur administratif de la cimenterie explique qu'«à cause d'une panne dans le broyeur, la production de l'usine a diminué de moitié. De 2.000 tonnes par jour, elle est passée à 1.000 tonnes par jour. Cette situation va durer pendant 15 jours en attendant la réparation de cet équipement. Pour activer les choses, la direction a décidé de placer un diaphragme de dimension supérieure qui sera adapté à la machine après modification.

Ceci pour ne pas attendre six mois, le temps de recevoir cette pièce de l'étranger». Le même responsable affirme que la distribution n'a pas été suspendue. «C'est la programmation qui a été changée», explique notre interlocuteur.

Au Sud, la crise s'est accentuée après les élections du fait que le transport avait été suspendu plusieurs jours et le ciment provenant de l'usine de Saïda, de Okaz à Sig et de M'sila n'arrivait plus. «Les camions sont garés au niveau des usines de ciment depuis quatre jours pour être servis. La pénurie est là et les prix sont passés de 320 DA le sac de 50 kg à 480 DA au marché noir», a affirmé un entrepreneur de la région qui dit «ne pas comprendre le fait que le transport des matériaux de construction est gratuit dans cette région pour les grossistes du ciment et payant pour les entreprises».




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