Algérie

Une crise en béton LA PENURIE DU CIMENT FAIT RAGE



Une crise en béton                                    LA PENURIE DU CIMENT FAIT RAGE
Le ciment! Voilà un produit qui, au lieu de sceller, fissure toute la construction nationale
Les entrepreneurs et les particuliers sont aux abois parce que le précieux liant qui permet de faire avancer les travaux se fait rare, cher sur le marché formel et très cher sur l'informel.
Comme chaque été, le ciment fait parler de lui. Il se fait rare et cher et c'est tous les chantiers qui chantent la misère. Pour ce secteur qui demeure très complexe, la mafia l'a toujours emporté sur le gouvernement. Le ciment! Voilà un produit qui, au lieu de sceller, fissure toute la construction nationale. Le sujet reste tabou et le gouvernement peine à l'affronter debout.
La mafia ne badine pas. Elle a son propre circuit... informel, elle doit l'alimenter. Pour le faire, la méthode, d'ailleurs très connue de tous, est d'acheter de grandes quantités de ciment durant l'hiver en usant de registres du commerce d'entreprises de construction. Le tout est stocké pour le faire sortir en période de tension... et laisse les prix voler!
Pour faire face à cette situation, le ministère du Commerce a engagé une large campagne d'investigation. «Des enquêtes ont été ouvertes au niveau des cimenteries et des points de vente. Les registres sont passés au crible pour déterminer avec précision les entreprises et les personnes qui ont bénéficié de quantités de ciment. Durant les cinq premiers mois, ces enquêtes ont permis de ficher près de 3000 opérateurs», a indiqué le directeur du contrôle économique et de la répression des fraudes, Abdelhamid Boukahnoune.
Le ministre du Commerce tente de cimenter ses responsabilités
«J'ai donné des instructions pour l'ouverture d'une enquête minutieuse auprès de toutes les cimenteries du pays, afin de contrôler les autorisations délivrées aux entreprises de construction», a déclaré le ministre du Commerce, Mustapha Benbada. Affirmant que des dizaines d'entreprises sont poursuivies en justice pour spéculation sur ce matériau indispensable dans les projets de construction, il a fait savoir qu' «un bon nombre d'entreprises fantômes a été découvert à travers les contrôles réguliers des sévices du ministère du Commerce». Révélant qu'un déficit de trois millions de tonnes est enregistré chaque année par rapport à l'offre sur le marché, le minsitre du Commerce a fait savoir qu'en effet, «les besoins sont estimés entre 18 et 20 millions de tonnes, tandis que la production ne dépasse pas les 16 à 17 millions de tonnes, ce qui nous oblige à nous rabattre sur l'importation de ce produit», a-t-il déploré.
Evoquant le fait que certaines cimenteries programment l'arrêt de la production pour raison de maintenance des équipements à la période où la demande est au maximum, notamment entre les mois d'avril et d'octobre, le ministre a voulu rassurer... pour ne pas dire autre chose.
Bien qu'aucun sens d'anticipation n'est de mise, le ministre a dit avoir «demandé aux services du ministère de l'Industrie, de programmer la maintenance en hiver pour que les grands projets de construction ne soient pas compromis».
Le ministre de l'Industrie sort ses solutions béton
Et comme plusieurs membres du gouvernement veulent se mêler de cette histoire de ciment qui n'est en fait qu'un scandale de trop, voilà le ministre de l'Industrie, de la Petite et moyenne entreprise et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi apporte sa proposition. Il assure que «le Groupe industriel des Ciments d'Algérie (Gica) relance le projet de construction de l'usine de ciment à Djelfa». Ce groupe industriel, nous apprend M.Benmeradi, «a entamé cette année une étude évaluative et juridique pour la relance de ce projet d'une capacité de production de 3 millions de tonnes par an».
Exactement ce qui résoudra le déficit en matière des besoins du marché national pour le ciment comme soulevé par le ministre du Commerce. Jusque-là, c'est pas demain la veille, puisque actuellement, le groupe Gica, s'attelle à fixer la valeur financière du projet et à définir la contribution du groupe et celle du groupe égyptien de ciment (Asec) qui a signé un contrat en 2008.
«L'offre de groupe Asec s'expliquait par la difficulté de contracter des crédits auprès des banques algériennes afin de lui permettre d'achever les travaux et d'acquérir les équipements indispensables à la production», précise le ministre de l'Industrie.
Interrogé sur le degré d'avancement du projet, le ministre indiquera que «les travaux de réalisation de l'usine ont remarquablement avancé pour ce qui est de la première chaîne de production, soit 85% de génie civil et 60% du projet».
Jusque-là, la relance de ce projet intervient après un retard important qu'il a accusé, puisque l'idée de sa réalisation remonte à 1973.
Les précipitations armées du Gica
Pour faire face à la forte hausse des prix de ce produit sur le marché national, le Groupe industriel des ciments d'Algérie (Gica), procédera à des opérations d'importation mensuelles de ciment, a fait savoir un responsable du Groupe.
«Nous allons entamer un processus d'importation de ciment durant les périodes de tensions pour juguler la crise et faire face à la forte demande sur ce matériau stratégique», a indiqué à l'APS, Yahia Bachir, P-DG du groupe Gica.
Selon les estimations de Gica, le déficit du marché du ciment s'élève à plus de 2,5 millions de tonnes. C'est le manque d'offre qui a provoqué la flambée des prix sur le marché, accentuée par la spéculation.
Le groupe prévoit à cet effet des importations mensuelles de 30.000 tonnes pour alimenter la région de l'Ouest et 40 000 tonnes pour la wilaya d'Alger. Pour la région Est, le groupe public a inscrit dans son programme l'importation de 20.000 tonnes chaque mois qui seront acheminés par le port de Béjaïa et la même quantité par le port de Annaba.
Le ciment importé sera disponible sur le marché algérien à partir de janvier 2013, a souligné le responsable de Gica, qui détient 60% des parts de production et de distribution du marché local du ciment, le reste étant détenu par des privés nationaux et étrangers.
Bref, les grands travaux tournent au ralenti alors que les chantiers des particuliers sont à l'arrêt.
Le constat est là: les entreprises s'arrachent les cheveux pour avoir une tonne de ciment afin de faire avancer leurs chantiers de construction. Les responsables approchés arguent que c'est un problème ponctuel auquel ils s'activent à régler l'année prochaine.
Mais comme dira Fellag, le célèbre humoriste, «ça a toujours été comme ça!».


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