Une Constitution sous pression !

La Constitution dont s'était doté la Tunisie sous Habib Bourguiba en 1959, que d'aucuns qualifiaient à l'époque de "progressiste" en raison des libertés qu'elle consacrait concernant notamment les femmes, est morte de sa belle mort dimanche. La Tunisie dispose désormais d'une nouvelle loi fondamentale, dont l'adoption à une majorité écrasante soulève moult interrogations quand on sait que les islamistes d'Ennahda, pourtant largement majoritaires à l'Assemblée nationale constituante, ont cédé sur de nombreux points, particulièrement celui relatif aux sources de droit. À la surprise générale, ils ont accepté que l'islam n'en fasse plus partie. Il faut être dupe pour croire que cette "reculade" des islamistes est fortuite. Face à la vive opposition et aux blocages, le parti de Rached Ghannouchi a fait le dos rond, pour mieux absorber cette pression et ne pas en sortir perdant. Ennahda n'a lâché du lest que pour mieux rebondir et sortir grandi de cette opération, qui pourrait toutefois lui valoir des désagréments à l'avenir. En effet, un réveil de son aile extrémiste, qui n'est guère exclu, pourrait lui être fatal. Cela dit, la nouvelle Constitution, adoptée avec pratiquement une année de retard sur le calendrier fixé, fruit de compromis et de compromissions, n'aura vu le jour que sous une pression étrangère terrible. Paris, Washington et les ONG internationales n'ont ménagé aucun effort pour que le succès soit au rendez-vous, d'autant plus que le modèle islamiste turc, présenté jusque-là comme une réussite, vit actuellement ses moments les plus difficiles. Il fallait, coûte que coûte, montrer que la "révolution du Jasmin", coup d'envoi du "Printemps arabe", n'a pas été un échec, loin s'en faut. C'est un point de détail très important pour l'Occident.Reste à savoir, maintenant, de quoi sera fait demain pour les Tunisiens, car cette nouvelle Constitution, qui se caractérise par la place importante qu'elle laisse à l'interprétation, ouvre la voie à toutes les éventualités. Dans un pays au bord de la ruine économique et menacé par le terrorisme islamiste, nul ne peut présager de rien.NomAdresse email