Algérie

Une Constitution sans culture



Une Constitution sans culture
«Le droit à la culture est garanti. La liberté de création est garantie. L'Etat encourage la création culturelle et soutient la culture nationale dans son enracinement et sa diversité et son renouveau en ce qui consacre les valeurs de la tolérance et le rejet de la violence, l'ouverture sur les différentes cultures et le dialogue entre les civilisations.»Avec cet article 42 de la nouvelle Constitution tunisienne adoptée le 26 janvier dernier, la Tunisie marque une rupture historique avec les autres pays de la région en constitutionalisant le droit à la culture. Ainsi, la culture est désormais reconnue comme un droit fondamental du citoyen tunisien qui a le droit d'accéder aux ressources nécessaires à son processus d'identification et les droits qui lui permettent de donner et de recevoir, ou en d'autres termes les «droits à l'identité», comme les désigne le philosophe Patrice Meyer-Bische. Cela inclut les libertés d'exercer une activité culturelle de son choix (y compris les libertés de la langue, de la recherche et de la création), le droit d'accès aux patrimoines, de participer ou de ne pas participer à des communautés culturelles et, surtout, le droit de participer aux politiques culturelles.Deux ans auparavant, le Maroc avait officialisé le tamazight pour renforcer son intégration dans les composantes de son identité. Il est devenu ainsi le premier pays d'Afrique du Nord à l'avoir fait, ce qui a impliqué que cette langue est désormais reconnue et utilisée dans les administrations publiques comme dans les organes des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires. En Algérie, la mouture de la énième future Constitution ne fait aucunement mention du droit à la culture ni à la culture tout court.Ceci résulte de la peur que le régime a de tout temps eu de la question culturelle et de sa crainte de la participation des citoyens à la conception d'une politique culturelle qui répond à leurs aspirations et qui reconnaît leur diversité culturelle, laquelle diversité culturelle ne peut être promue ni protégée que si le droit à la culture est officiellement reconnu. C'est aussi le résultat du mépris qu'il a vis-à-vis des intellectuels progressistes qui défendent les droits culturels en Algérie, et qu'il considère comme étant plus dangereux, pour sa survie, que les fanatiques islamistes qui sont d'ailleurs actuellement consultés pour la nouvelle Constitution.




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