Une Constitution intangible

Au moment où des partis politiques, des commentateurs de presse ont exprimé, ces derniers jours, des soupçons sur la volonté du pouvoir d'aller au bout des réformes politiques annoncées en avril 2011, notamment la mère de ces réformes : la révision constitutionnelle, voilà que le Premier ministre a apporté, hier, à ce propos, des assurances, en confirmant bien, devant les députés, le projet de révision. L'annonce en soi, de Sellal, vaut son pesant d'engagement politique devant l'opinion publique nationale, combien de fois surprise par de rétropédalages et des promesses non tenues.
Au-delà de la confirmation du projet de révision, Abdelmalek Sellal a donné une autre indication de taille, à savoir que ce projet de révision passera par voie référendaire. Ce qui pourrait signifier que ce projet ne sera pas un simple lifting, mais bien un changement en profondeur qui toucherait la configuration du système politique et les équilibres du pouvoir. On comprend dès lors le souci du pouvoir de consulter le peuple, sachant que le Parlement actuel, élu dans les conditions que chacun sait, n'a pas la légitimité requise pour avoir son mot à dire.
M. Sellal a parlé aussi d'une commission au sien du gouvernement, qui travaille déjà à la rédaction d'une première mouture des amendements. C'est tout de même surprenant, car il n'y a pas eu de communication officielle, ni sur la date de son installation ni sur les personnes qui la composent. Ce qui peut vouloir dire que les partis politiques, qui font justement de cette révision un cheval de bataille, seront 'zappés".
Mais tous ces aspects, toutes ces considérations qui ont certes leur importance aujourd'hui, en sachant que la forme est la première condition de fond, l'essentiel, in fine, est d'aboutir à une Constitution qui consacre une bonne fois pour toutes un fonctionnement démocratique des institutions, dans un cadre républicain. Une Constitution qui contienne aussi des garde-fous rigoureux pour la prémunir contre les putschs constitutionnels, contre les manipulations et triturations cycliques, au gré des conjonctures politiques et des ego narcissiques. En somme, une Constitution intangible qui transcenderait les contingences et les hommes. n