Algérie

Une Constituante ou le mélange des genres '



On peut donc qualifier cette Assemblée de constituante.» C'est le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, qui l'a déclaré, mercredi dernier, en marge de l'installation de la Commission nationale de surveillance des élections. Pour booster le taux de participation, qui constitue visiblement le grand souci pour le gouvernement, M. Ould Kablia veut mettre en avant l'important rôle que devrait jouer le prochain Parlement. On se doutait que ce responsable pouvait aller aussi loin dans le mélange des genres. C'est-à-dire jusqu'à qualifier exagérément la future Assemblée de constituante. Une Constituante, faut-il le préciser, est une institution collégiale qui a pour tâche la rédaction ou l'adoption d'une Constitution, c'est-à-dire le texte fondamental qui organise les pouvoirs publics d'un pays. Cela peut àªtre une Constitution entièrement nouvelle ou une modification importante. Est-ce de cela que le ministre de l'Intérieur veut parler ' Jusqu'à présent, aucun responsable, dont l'initiateur de la révision constitutionnelle lui-même, à  savoir le président Abdelaziz Bouteflika, n'a encore décliné la teneur de la réforme en question. Qu'il s'agisse d'une simple modification de la Loi fondamentale ou d'une réforme de fond, il y a un black-out total sur les intentions du pouvoir. Dans un pays où il y a absence de débat, la question reste posée. Mais lorsqu'on sait la tournure prise par la révision des lois sur les partis, sur l'information et sur la loi électorale, on peut deviner la suite… ! Seulement, le cauchemar de l'abstention qui hante les esprits pousse certains responsables à  faire des déclarations plus ou moins cocasses. Dans la quête d'un fort taux de participation qui fait tant peur, ce n'est pas le détail et la précision, voire même le bon sens, qui sont recherchés. En réalité, on ne voit pas tellement ce que compte apporter le chef de l'Etat comme changements à  une Constitution qu'il a déjà triturée, piétinant le principe de l'alternance pour briguer un troisième mandat. La majorité des partis, organisations et personnalités politiques du pays reçus l'été dernier par la commission présidée par Abdelkader Bensalah, le président du Sénat, réclament un retour à  l'ancienne formule, c'est-à-dire à  la limitation des mandats, à  un renouvelable une seule fois. Leur appel sera-t-il entendu ' Personne encore ne le sait. Jusqu'où le chef de l'Etat est-il prêt à  aller ' Dans son discours prononcé jeudi à  Arzew, il a affirmé que les élections législatives du 10 mai prochain sont «tout aussi importantes que Novembre 1954». Pour oser un tel parallèle, le locataire du palais d'El Mouradia, veut frapper surtout les esprits. Il fait d'abord croire que le prochain Parlement sera chargé d'une importante tâche, celle de réviser la Constitution, et agite notamment la peur de l'intervention étrangère pour convaincre ses compatriotes à  se rendre aux urnes le 10 mai prochain. Le chef de l'Etat et son ministre de l'Intérieur semblent avoir bien accordé leurs violons pour mettre en avant l'importance de la prochaine échéance électorale dans un seul objectif : un taux de participation appréciable pour se donner une légitimité !


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