Pour tester les connaissances des Algériens sur l'histoire de la lutte pour l'indépendance, nous avons proposé aux sondés de nous citer les événements qui ont eu lieu à cinq dates : le 8 Mai 1945 (manifestations et leur répression dans l'est (Sétif, Kherrata, Guelma), le 1er Novembre 1954 (déclenchement de la lutte armée), le 20 Août 1956 (tenue du Congrès de la Soummam), le 19 Mars 1962 (signature des accords d'Evian (la veille et cessez-le-feu) et enfin le 5 Juillet 1962 (1er jour de l'indépendance).Les réponses à cette dernière date risquaient d'être biaisées dans la mesure où le sondage se déroulait dans la période de commémoration de l'anniversaire de l'indépendance et il était difficile de ne pas en entendre parler.
En principe, tout au moins. A contrario, l'ignorance de l'événement relatif à cette date signifie une profonde méconnaissance de l'histoire contemporaine de l'Algérie.
Des différentes dates, la plus connue est le 1er Novembre (81%). Le premier jour de l'indépendance arrive en 2e position avec 68%. Ceci est évidemment une surprise dans la mesure où le sondage s'est déroulé dans la période de la commémoration du 59e anniversaire. Les événements relatifs aux autres dates sont beaucoup moins connus.
Des trois, c'est le 8 Mai 1945 qui est le plus connu avec 50%. Le Congrès de la Soummam vient en deuxième lieu avec 39%, et enfin la date du cessez-le-feu loin derrière, avec seulement 27%.
Afin de mieux cerner la faible imprégnation de cette connaissance d'une histoire normalement accessible à tous les Algériens, nous avons testé l'effet de quatre variables : le niveau d'instruction, l'âge, le genre ainsi que la région. Toutefois, pour ne pas tester ces variables une à une, nous avons construit une note, qui est la somme des notes obtenues à chacune des questions. Les réponses des sondés étant notées 1 ou 0 suivant que la réponse donnée soit juste ou fausse. L'analyse fait apparaître une liaison avec le niveau d'instruction et l'âge. La relation est par contre beaucoup moins évidente avec le genre ou la région.
Pour illustrer la relation, nous allons prendre les deux extrêmes, les personnes analphabètes et les personnes de niveau supérieur. On constate que les proportions chez les analphabètes baissent en allant de la plus faible à la plus élevée, et l'inverse chez les personnes du supérieur.
L'effet du niveau d'instruction semble donc clair, même si on se serait attendu à ce que des personnes ayant fait le supérieur aient toutes la note 5. Ici, elles sont malheureusement moins de 40%. Concernant l'âge, il est clair qu'il y a déjà une relation entre l'âge et l'instruction : la proportion de personnes ayant fait le supérieur est beaucoup plus importante chez les nouvelles générations. Mais il y a d'autres effets de l'âge. Notamment celui d'une plus grande proximité des événements eux-mêmes pour les anciennes générations. Il peut y avoir aussi d'autres effets. Par exemple, il pourrait y avoir une plus grande motivation des jeunes à étudier l'histoire. Mais ce n'est qu'une hypothèse, bien entendu. C'est sans doute ces différents effets entremêlés qui empêchent que ne se dégage une relation claire entre l'âge et la connaissance de l'histoire de la lutte pour l'indépendance, tout au moins d'après la manière dont nous la mesurons.
En tous cas, il apparaît bien un effet de l'âge. Mais très ambigu. Si on se limite aux notes 4 ou 5, on peut émettre l'hypothèse de deux populations différentes : les 18-44 ans et les 45 ans et plus. Dans les deux cas, les proportions baissent avec l'âge. Les explications à cette configuration ne semblent pas évidentes. Nous avons effectué un sondage similaire en 2012 (voir El Watan du 28 mars 2012), avec les mêmes questions se rapportant aux mêmes dates historiques. Presque dix années après, les réponses donnent presque la même hiérarchie dans la connaissance des dates. Celles du 1er Novembre et du 5 Juillet étant les plus connues, même s'il y a une inversion de l'ordre entre les deux sondages. Le 5 juillet 1962 en tant que 1er jour de l'indépendance était l'événement le plus connu en 2012. En 2021, c'est le 1er Novembre. Mais le phénomène le plus frappant est que les proportions des personnes qui connaissent les événements associés à ces dates ont toutes baissé, sauf une, celle du 20 Août 1956. Concernant cette dernière date, cela pourrait être un effet indirect du Hirak. Nombre de slogans ou de références ont été puisés de la plateforme ou des personnes qui ont animé le congrès. Cette baisse est évidemment préoccupante. Cela voudrait dire que, non seulement les Algériens ont des lacunes importantes concernant la connaissance de leur histoire récente, mais, qu'en plus, ces lacunes concernent de plus en plus de personnes.
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Posté Le : 15/07/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : LSA
Source : www.lesoirdalgerie.com