« Une connaissance de l'histoire immunise les jeunes de l'invasion technologique »

Mohamed Lachen Zeghidi, professeur d'histoire et chercheur à l'université d'Alger, estime nécessaire l'utilisation des moyens technologiques pour diffuser et inculquer les valeurs et les connaissances sur la révolution algérienne aux jeunes générations. En affirmant que le jeune « vit et ressent l'indépendance de l'Algérie » du moment qu'il vit dans une république souveraine qui a un gouvernement, un drapeau et un hymne national, notre historien trouve, cependant, que « le meilleur et le vrai sentiment recherché chez cette nouvelle génération est celui qui émane de sa propre conviction et sa véritable compréhension de l'indépendance ».Cet objectif ne peut être atteint qu'à travers « une large diffusion de l'histoire et de tous les éléments qui retracent des faits vrais, réels, crédibles et authentiques ». L'inculcation de l'histoire de la révolution algérienne doit se faire à travers « le système éducatif global incluant la maison, l'environnement, les médias et l'école », a insisté Zeghidi. Sans douter du fort sens du nationalisme qui anime les jeunes Algériens, l'historien estime qu'il est important de le « faire valoriser par une connaissance nationaliste de la véritable histoire du pays et de toutes ces étapes ». Outre son importance, ce travail a un caractère d'urgence vu l'invasion technologique à laquelle sont soumis les jeunes. « Le jeune se trouve dans une phase critique et décisive. Il est en relation permanente avec le monde extérieur plus que son attachement à son monde intérieur. De par sa conception et son attractivité, le monde virtuel diffusé sur le net a réussi à détacher le jeune de de son environnement familial. Il est donc certain que c'est la connaissance parfaite de son histoire qui va l'immuniser contre l'invasion des idées étrangères, le représenter, le guider et lui garantir une continuité », a assuré l'historien. L'établissement de liaisons entre les générations, à partir des acteurs de cette glorieuse histoire jusqu'aux jeunes nés après l'indépendance, va sans doute « contribuer à mieux vivre cette indépendance, connaître son importance et préserver nos acquis historiques à commencer par le sens de la nation, l'indépendance et l'unité », a-t-il indiqué.Pour protéger les nouvelles générations contre les idées véhiculées sur les réseaux sociaux ou le net de manière générale, il est primordial d'avoir « une maîtrise parfaite de cette technologie, un travail conséquent pour développer un contenu similaire au plan de la forme et du niveau », a précisé Zeghidi, estimant qu'il est impossible de continuer à recevoir les contenus étrangers du monde virtuel sans pouvoir s'imposer sur cette toile en présentant à nos enfants ce qui peut les enrichir, les immuniser, les orienter et représenter leur appartenance. « Tous ces éléments et ce contenu se trouvent dans l'histoire qui doit maintenant bénéficier d'une large diffusion ». En plus des connaissances pointues et spécialisées, le module de l'histoire doit, selon Zeghidi, être enseigné aux développeurs de contenus technologiques. « C'est à travers la connaissance de l'histoire qu'ils vont se forger une personnalité et pourront ainsi transmettre ces valeurs dans la conception de leurs ?uvres ». Concernant les nouveaux défis que l'Algérie doit relever, Zeghidi évoque « la concrétisation du message des chouhada » en assurant un haut niveau d'instruction aux jeunes générations. Un niveau intellectuel « bénéfique, producteur et concurrentiel qui leur permet de défendre l'Algérie et ses principes nationalistes ». Il est aussi important de préserver l'indépendance du pays à travers l'autosuffisance alimentaire et la productivité concurrentielle de sorte à conquérir le monde extérieur. L'Algérie doit bénéficier d'un développement inspiré de ses traditions et ses valeurs glorieuses, sans se départir des exigences de la modernité. Il est important de faire de l'Algérie « une mère protectrice » de ses enfants, qui acceptent leurs idées, encourage leurs productions et leurs innovations et qui leur donne les moyens de vivre et de s'épanouir. Les générations post-indépendance doivent aussi s'inspirer des chouhada dans leur dignité, leur sacrifice et leur fierté. Et pour veiller à la préservation de la souveraineté nationale et de l'indépendance du pays.