Algérie

Une commission interministérielle installée: Vers la révision du code des investissements



Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a procédé ces derniers temps à l'installation d'une commission interministérielle qu'il a chargée de réviser les articles du code des investissements.

L'objectif visé par cette révision est de conformer les textes régissant l'investissement aux dispositions de la loi de finances complémentaire pour 2009.

 Réuni lundi soir à l'hôtel El Aurassi, les hommes d'affaires, membres du Forum des chefs d'entreprises (FCE) ont rappelé, faut-il le souligner encore une fois, leur rejet de ces dispositions qu'ils disent prises sans concertation du gouvernement avec aucune partie concernée et allant à contresens d'une relance de l'économie nationale. Ils ont aussi relevé l'ambiguïté de certains de ses articles comme le 58 qui stipule que les investissements étrangers ne peuvent être réalisés que dans le cadre d'un partenariat dont l'actionnariat national résident représente 51% au moins du capital social, mais affirme par un aliéna soumettre les investissements étrangers directs (IDE) «à l'examen préalable du conseil national de l'investissement». Avec l'entrée en vigueur de la LFC, les chefs d'entreprises s'attendent à «des dégâts collatéraux dont les effets seront ceux d'un tsunami». Ils déplorent le fait que le gouvernement ne se soucie guère de l'état déliquescent de l'entreprise algérienne. Preuves en sont sa décision de faire participer le national résident dans le capital de sociétés étrangères et l'imposition du crédit documentaire comme seul mode de paiement. Ils rappellent à l'Etat qu'ils ne peuvent plus subvenir aux besoins de fonctionnement de leurs entreprises dans un environnement économique qui leur est totalement hostile.

 Faisait fi de tout ce mécontentement et de toute cette désapprobation, le gouvernement garde le cap sur ses choix et se voit instruit par la présidence de la République pour réviser le code des investissements dans cette optique même si pour l'instant rien ne filtre sur cette question. Mais ce qui est curieux, c'est que c'est le ministre des Finances qui préside la commission chargée de cette révision. Hamid Temmar, toujours au poste de ministre de l'Industrie, ne semble pas avoir droit au chapitre alors que l'investissement et l'entreprise relèvent de son portefeuille, du moins légalement.



Benbouzid s'improvise couturier



D'ailleurs, c'est bien Temmar alors ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement (MPPI) qui avait révisé ce code pour qu'il soit adopté par ordonnance en 2006, le conformant ainsi à ses programmes d'assainissement et de privatisation du secteur public.

 Il semble que le ministre de l'Industrie a déjà été auditionné cette semaine par le président de la République. L'on saura plus le jour où le communiqué sanctionnant l'audition sera rendu public. Des violentes diatribes du chef de l'Etat en juillet 2008, au rejet de sa stratégie industrielle par le Premier ministre, Temmar se voit aujourd'hui privé de beaucoup de ses prérogatives pendant que d'autres ont élargi les leurs sans qu'ils soient rappelés à l'ordre. C'est le cas du ministre de l'Education, lui, qui s'est bien mis dans la peau d'un couturier durant cette rentrée scolaire. On l'a bien vu faire porter un tablier - bleu - à un élève en faisant attention à la longueur des manches et à la couleur du tissu. Benbouzid s'est improvisé ces jours-ci habilleur d'élèves à défaut d'être leur instructeur.

 Il se retrouve depuis dimanche dernier à parler des couleurs de tissu, du rose et du bleu, de leurs différents tons qu'il pourrait tolérer si les élèves ne trouveraient pas le bon tablier sur un marché que son collègue des Finances a pris le soin de fermer, du moins de perturber sérieusement. Fermeture dont les conséquences commencent à retomber en évidence sur le consommateur. Hier, ceux qui ont fait leur marché ont soupesé par curiosité le poids d'un poulet au prix affiché de 820 DA. Ils voulaient surtout savoir si c'était du poulet «national» et voir dans quelle mesure il symboliserait le fameux patriotisme économique ou alors importé donc serait la conséquence directe de la crise américaine des subprimes sur les poulaillers algériens.



Les subprimes et les poules algériennes



Ce qui est sûr, c'est que le ministre de l'Agriculture regarde, impuissant, son secteur s'empêtrer dans des considérations mercantiles que son collègue du Commerce semble ignorer royalement.

 Il n'a pas réussi le test de Benbouzid - toujours lui - qui épate par sa capacité à orienter tout un système scolaire vers le seul choix de la couleur d'un tablier. Une orientation qui elle aussi met à nu un marché dont l'offre ne sait pas répondre à la demande locale. Heureusement que le ministre n'a pas exigé de ses profs femmes d'éviter de venir, comme elles le font, traînant des pantoufles, fagotées de tenues pestant les odeurs de cuisine et gardant en plein cours une oreille collée sur le portable. Mais là, c'est toute une autre question de savoir, de pédagogie et d'éthique que l'école de Benbouzid ne se pose pas. L'on raconte que des importateurs ont ramené les tabliers bleus et roses de Tunisie et ont réussi à les vendre comme des petits pains. En interdisant les importations par voie de LFC, le gouvernement a oublié qu'il avait procédé avant à l'émiettement du secteur des textiles et qu'il n'a rien décidé pour le restructurer.

 Lundi soir, des hauts de l'hôtel El Aurassi, l'économiste Abdelmadjid Bouzidi appelait l'Etat à se tourner vers une relance par l'offre parce que, a-t-il dit, celle par la demande a atteint ses limites. Les offres faites à l'école sont hallucinantes. Les enseignants suggèrent en effet aux élèves, qui des propositions alambiquées, qui des méthodes intempestives à défaut de leur dispenser le savoir. Dans un lycée à l'ouest d'Alger, un professeur a conseillé à ses élèves de ne pas ramener le livre de maths parce qu'il est trop lourd mais d'en détacher à chaque fois le chapitre prévu pour le cours. Les classes de terminale ont eu la désagréable surprise de ne pouvoir acheter que le tome 2 du livre de physique, le 1 n'étant pas disponible. Un autre professeur a innové en décidant d'apporter une règle avec lui pour toucher les élèves. «Je ne veux pas le faire avec ma main parce que je risque de perdre mes ablutions (yatenqadhli el oudhou)», a-t-il dit aux filles de sa classe.




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