Algérie

Une commémoration à la hauteur de l'artiste



Une commémoration à la hauteur de l'artiste
Voilà déjà 30 ans qu'a disparu l'artiste "aux mille éclats" M'hamed Issiakhem, laissant derrière lui et pour la postérité une ?uvre colossale de beauté et de sensibilité.M'hamed Issiakhem est né à Aït Djennad, près d'Azeffoun en Grande-Kabylie le 17 juin 1928, il s'installe à l'âge de trois ans à Relizane avec ses parents jusqu'en 1947, date à laquelle il rejoindra la Société des Beaux-arts d'Alger, où il s'inscrit à des cours d'enluminure et de miniature, puis à l'Ecole des Beaux-arts d'Alger où il sera l'élève de Mohamed Racim, avant de rejoindre l'Ecole des Beaux-arts de Paris (France) de 1953 à 1958. Une tragédie familiale l'a marqué à jamais et Issiakhem en gardera des séquelles durant toute sa vie, qui seront visibles à travers son ?uvre et son parcours personnel. Meurtri par un drame dont il fut quelque part responsable, touché dans sa chair, privé d'amour maternel, sensible à la douleur et la souffrance de l'être humain, il donnera naissance à un art magistral qui marquera une ère nouvelle baignée dans ce talent inouï de faire de la laideur une beauté majeure. Il côtoiera les plus grands artistes et hommes de lettres, se liera d'amitié avec Kateb Yacine qui l'appelait "?il de lynx", participera à de nombreuses expositions en Algérie et à l'étranger et se fera surtout connaître à travers des portraits de femmes, dont le premier a été celui de Djamila Bouhired qui fut arrêtée à Alger, condamnée à mort et torturée. Ce portrait a d'ailleurs servi de document aux membres de l'ALN pour dénoncer la pratique de la torture par la colonisation française. Et ce sont très souvent des silhouettes de femmes qu'on retrouve dans les tableaux de M'hamed Issiakhem, cette "femme symbole" qui se tord de douleur, et cela se ressent ; une femme dont le visage est flou, mais qui reste expressif ; un être dont le corps est difforme, mais qui demeure malgré tout sensuel.Une peinture crue, vraie, profonde, sincère car comme l'avoue le défunt : "Quand je peins, je souffre, j'ai mal". Un grand artiste dont le parcours est à (re)découvrir grâce à l'initiative de sa ville d'adoption Relizane, à travers sa direction de la culture et un grand nombre d'artistes peintres et amoureux de la peinture qui lui organiseront à partir d'aujourd'hui 1er décembre une manifestation comprenant diverses activités pour commémorer le 30e anniversaire de sa disparition. Au programme, un Salon d'arts plastiques avec la participation de nombreux artistes et élèves des écoles des Beaux-arts d'Alger, de Mostaganem, de Sidi Bel-Abbès, d'Oran, de Tlemcen, de Tizi-Ouzou et de Batna ; une exposition des tableaux de l'artiste ainsi que de certaines esquisses qu'il avait réalisées lors du 1er anniversaire de la fête de l'Indépendance ; une conférence ; la réalisation d'une fresque à l'ancienne gare ferroviaire de la ville et une visite de l'école primaire "la Mosquée" où a étudié l'artiste, puis des sites archéologiques que recèle la wilaya.Un riche programme à la hauteur de cet artiste décédé un certain 1er décembre 1985 à la suite d'une longue maladie ; un homme aussi talentueux que tourmenté par une vie qui ne l'a pas gâté mais à laquelle il a donné le meilleur de lui-même : un Patrimoine.S.B.




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