Algérie

Une chance pour le changement



À peine bouclée, la campagne électorale des législatives laisse la place à une nouvelle bataille qui s'esquisse à l'horizon. Plus dure, plus ardue et déterminante pour la suite des événements, cette nouvelle joute se jouera sur un terrain inconnu pour les indépendants, inexpérimentés et sans grande logistique électorale. Les partis politiques bénéficiant d'une certaine expérience, de réseaux clientélistes et de traditions dans l'encadrement des élections, partent favoris dans ce cas de figure. Disposant d'un personnel rodé, les partis politiques pourront surmonter, sans grande peine, cette nouvelle étape pour se mettre en phase avec l'opération de vote, mais, «c'est vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué», diront certains. En effet, traités de tous les noms d'oiseaux et dépositaires de toutes les tares, les indépendants viennent de sortir «la tête haute» de cette deuxième épreuve, si l'on prend en ligne de compte la collecte des signatures, qui a été un véritable premier test pour ces listes jeunes, à tout point de vue. Idem pour les efforts consentis par les jeunes «novices», qui ont créé la surprise en devançant les partis politiques en matière d'activités et d'actions sur le terrain. Des actions sortant de l'ordinaire, avec un lot de nouveautés et de créativités. On notera quelque 3 309 actions de proximité des indépendants, contre 2 786 effectuées par les partis politiques, presque autant de meetings organisés et animés que les partis politiques, qui ont totalisé plus de 1500 rencontres. Trois semaines se sont ainsi écoulées de la vie de cette campagne électorale, pour le compte des élections législatives du 12 juin 2021. Place au silence électoral, qui précédera la campagne de collecte des voix nécessaires. Tout a été fait ou dit par les candidats durant cette campagne électorale hors pair, à plus d'un titre. Ecarts de langage, moments de folie passagère et de démence même, blasphèmes en direct pour certains leaders de partis politiques, lors de meetings mouvementés, les Algériens auront eu droit à un remue-ménage électoral inédit, le temps d'une campagne insolite. D'autres, donnant l'impression de maîtriser leurs sujets et, visiblement plus enclins au buzz, ont jeté leur dévolu sur les indépendants, les exhortant à enlever le tablier et à quitter les lieux. «Laissez la politique aux politiciens», ne cessait de ressasser Osmani, chef de parti naissant. Mais ces vieux routiers de la politique et autres caciques de partis politiques, traînant nombre de casseroles, ont été débusqués par un invité surprise incommodant. Il s'agit des réseaux sociaux, qui ont constitué une arme redoutable aux mains de ceux qui la maîtrisent, en l'occurrence les jeunes candidats en lice dans les joutes électorales. Les coups bas et les manoeuvres de sape y sont permis, hors d'atteinte des services de régulation et de contrôle de l'Anie. Pour les indépendants, on aura eu droit, pour les plus excentriques d'entre eux, à des scènes burlesques, notamment pour celui qui effectuait ses sorties de proximité, accompagné d'un garde du corps, ou encore cette scène d'un candidat, presque en transe, dansant sur les airs de la chanson de Deriassa «Yahiaou wled bladi», devant la gêne ostentatoire des responsables de son parti. Des sites et des pages identifiés, semeurs de désespoir, ont tenté également d'influer sur le cours des évènements, mais c'était peine perdue. Le tsunami des listes indépendantes, qui a inondé la Toile, a produit, un effet, contraire. Ils étaient des centaines à avoir balancé leurs listes et affiches respectives sur les réseaux sociaux, Facebook a priori. Pas seulement, les candidats s'étaient transformés en modérateurs de comptes et de pages, prenant la peine de répondre longuement aux questions et critiques des internautes, sans grande gêne visiblement. Beaucoup a été dit au sujet de la future Assemblée. Néanmoins, au vu de ce qui a été accompli, il est légitime de croire à un véritable sursaut salutaire, synonyme d'une révolution de sérail, qui bouleversera les us et les pratiques anciennes au sein de la chambre basse.La conjoncture politique dans laquelle se tiennent ces élections constitue, en fait, un indicateur fiable quant au degré de conviction et de mobilisation des différents candidats sur le terrain, en vue de renverser la barre des taux de participation. Si le taux d'abstention chutait de quelques pourcentages, ce serait à mettre, irréfutablement, à l'actif des seuls candidats indépendants.


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