Algérie

Une Chambre sans légitimité ne peut légiférer



Brahim Younessi
« La honte est facile, ce qui la rend agréable à de certaines âmes. »
[Victor Hugo, Actes et paroles, t1]
La Chambre basse qui vient d'être installée n'a pas une once de légitimité. Et toutes les lois qu'elle adoptera seront, par voie de conséquence, illégitimes. Le pouvoir qui se sert du droit qu'il fabrique ne peut s'en prévaloir pour imposer ses lois par le monopole de la « violence légitime » dont dispose l'Etat. Le gouvernement qui sera très prochainement nommé n'aura pas davantage de légitimité pour conduire les affaires du pays et pour l'engager à l'extérieur.
Toutes les décisions qu'il prendra seront considérées comme nulles et non avenues par le peuple algérien qui ne leur a accordé ni ses suffrages ni sa confiance. La très forte abstention qui a marqué les « législatives » du 10 mai dernier ne peut pas être sans répercussions sur les institutions politiques ainsi invalidées.
Le pouvoir réel, le pouvoir apparent et les 462 députés godillots, en rien représentatif du peuple et de la nation qui ne leur a conféré aucune prérogative, ne peuvent continuer de faire semblant qu'ils émanent de l'expression de la volonté populaire.
Le pantomime des perdants
"Descends, descends en enfer et dis que c'est moi qui t'y envoies", Shakespear, Henry VI.
Quatorze partis politiques dont la moitié environ, n'a obtenu aucun siège avec 0%, ont décidé ' quel acte courageux ! ' de boycotter l'Assemblée populaire nationale. Avec 28 sièges à eux tous, ils vont certainement mettre le pouvoir qui n'a plus besoin d'eux après s'en être servi ' on jette bien les Kleenex ' en très grande difficulté, peut-être même à genoux, avec cette absence de quelques heures.
Cette agitation médiatique qui ne trompe personne ne va pas restaurer leur image dans la société ni réhabiliter le politique, cette faribole extravagante présentée comme une stratégie de mobilisation populaire et de conquête. « Boycotter » l'Assemblée populaire nationale un petit instant, ce n'est pas démissionner. La démission les priverait, bien sûr, de leurs salaires, leurs primes de fin d'année, comme s'ils participaient au produit intérieur brut du pays, et leurs multiples avantages matériels.
Certains de ces partis valeureux qui veulent faire plier le pouvoir n'arrivent même pas à faire fléchir leurs « élus » décidés à participer à la séance inaugurale de l'Assemblée populaire nationale illégitime. Ils ont investi de l'argent pour y renoncer. Ils trouveront une Assemblée refaite à neuf avec l'argent du peuple et des sièges supplémentaires confortables pour pouvoir mieux lever la main.




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