Les Etats du nord du Nigeria vivent, depuis plusieurs mois, une situation
d'insécurité préoccupante, ponctuée par des affrontements presque quotidiens
entre forces de sécurité et les membres de la secte islamiste de Boko Haram, un groupuscule qui
est en train de mettre à feu et à sang le nord du pays.
Hier et selon un décompte de sources policières et médicales, ces
violences ont fait, en une semaine, une cinquantaine de morts dans plusieurs
Etats du nord-est, notamment à Borno. D'autres
sources avancent même un bilan d'une centaine de morts.
Le bilan des attaques de Boko Haram, et des affrontements avec les forces de l'ordre, au
cours de la semaine, pourrait s'élever à 100 morts, ont affirmé, hier, une
autre source policière et un responsable d'ONG. «Jusqu'à cent personnes
pourraient avoir été tuées», dans la ville de Damaturu,
a déclaré à l'AFP une source policière de haut rang ayant requis l'anonymat. «Les
chiffres que je reçois se situent entre 69 et 100 morts à Potiskum
et Damaturu», a, de son côté, affirmé le responsable
d'une ONG locale, Chidi Odinkalu.
Ces victimes ont été dénombrées à Damaturu et Potiskum, dans l'Etat de Yobe, ainsi
qu'à Maiduguri, capitale de l'Etat voisin de Borno.
Des explosions et des tirs avaient secoué, jeudi, ces trois villes et les
violences se sont poursuivies, vendredi, à Damaturu. La
situation était généralement calme, hier en milieu de journée, malgré des tirs
sporadiques localisés, selon des témoins et des membres des forces de l'ordre. Selon
un responsable à l'hôpital de Damaturu, 19 corps
avaient été déposés à la morgue: «trois soldats, trois policiers et 13 civils. Tous
ont des blessures par balles». Vendredi, d'autres sources avaient fait état de
sept autres morts à Damaturu et Potiskum,
ce qui porte le bilan dans l'Etat de Yobe à 26. Le
responsable de la police de cet Etat, Lawan Tanko, a, lui, déclaré hier que 23 personnes y avaient été
tuées: sept policiers, 15 membres de Boko Haram et un civil.
Il a indiqué qu'un couvre-feu avait été imposé à Yobe.
A Maiduguri, dans le Borno, un infirmier de l'hôpital
universitaire a fait état, samedi, de 20 morts. Un membre de Boko Haram, qui a revendiqué ces
attaques, a indiqué que «nous avons mené ces attaques pour venger la mort de
nos frères tués par les forces de sécurité en 2009».
Il faisait référence à une insurrection de la secte en 2009 qui avait été
brutalement réprimée par les autorités, faisant des centaines de morts. Les
autorités du Yobe ont instauré, jusqu'à nouvel ordre,
un couvre-feu de 19H00 à 07H00 afin de »renforcer la paix réinstaurée après les
évènements des derniers jours», a indiqué, samedi, le porte-parole du
gouverneur de l'Etat, Abdullahi Bego. Fin novembre, une
vague d'attaques coordonnées, également revendiquées par Boko
Haram, avait secoué en particulier Damaturu, tuant au moins 150 personnes.
APRES LE MEND, BOKO HARAM
Kaduna et Yobe sont devenues, depuis plusieurs
semaines, des zones particulièrement ciblées par les membres de Boko Haram, qui vise
explicitement les symboles de l'Etat. La secte a notamment revendiqué
l'attentat suicide d'août 2011 contre le siège des Nations unies dans la
capitale Abuja, qui avait fait 24 morts. La situation est ainsi devenue
tellement inquiétante que les présidents tchadien, Idriss
Deby Itno, et son homologue nigérian, Goodluck Jonathan, ont discuté lundi, à Abuja, de ces
graves développements, notamment la multiplication d'attaques imputées à des
islamistes, perpétrées souvent près de leurs frontières communes. En fait, les
services de sécurité nigérians soupçonnent, depuis longtemps, la secte
islamiste Boko Haram
d'importer illégalement au Nigeria des armes via la frontière poreuse avec le
Tchad et le Niger.
Le président tchadien a déclaré à des journalistes que les deux
dirigeants avaient discuté de l'amélioration de la sécurité autour du lac Tchad,
situé entre les trois pays ainsi que le Cameroun, et a souligné le besoin
d'impliquer le Niger et le Cameroun pour que les quatre pays joignent leurs
efforts pour lutter contre l'insécurité et la menace que font peser pour les
pays de la région les agissements de la secte de Boko
Haram, soupçonnée également de ‘'collusion'' avec des
groupes d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi).
Après le MEND (Mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger), groupe
rebelle auteur de plusieurs enlèvements d'étrangers, notamment de travailleurs
de groupes pétroliers opérant dans cette région riche en pétrole, Boko Haram est devenu un gros
souci pour la sécurité dans le nord du Nigeria.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 25/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com