Algérie

Une centaine de militants du hirak toujours incarcérés



Une soixantaine de citoyens et de militants politiques, poursuivis pour des délits d'opinion, sont maintenus en prison, selon des avocats. Parmi eux Karim Tabbou, ancien député et président de l'UDS non agréé, Abdelouahab Fersaoui, président du RAJ, Fodil Boumala, Samir Belarbi, Brahim Laâlami, Ibrahim Daouadji, tous des activistes du hirak, et Nour El-Houda Oggadi, étudiante de Tlemcen. Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) en a recensé 100.Le chiffre n'est pas exhaustif, car "plusieurs détenus, qui ont quitté la prison jeudi soir, n'avaient pas été signalés auparavant", a expliqué le CNLD sur son compte officiel des réseaux sociaux. Quel que soit leur nombre exact, ils sont en prison pour les mêmes chefs d'inculpation que les 76 coprisonniers remis en liberté provisoire jeudi 2 janvier, soit atteinte à l'unité nationale, atteinte au moral des troupes de l'armée, incitation à attroupement non armé et atteinte à l'intégrité d'un corps constitué sur la base des dispositions des articles 76, 79 et 96 du code pénal. Jusqu'à hier, les avocats chargés de leur défense n'avaient aucune information sur leur cas.
"Rien n'est clair. Les détenus n'ont pas reçu de notification sur la programmation de leur procès", nous a certifié Me Abdelghani Badi. Il est corroboré par sa cons?ur Me Djerdjer. "J'ai quatre clients arrêtés lors des marches nocturnes à Bab El-Oued et condamnés après présentation en citation directe à une année de prison ferme. Leur procès en appel est prévu pour le 30 janvier.
À tout moment, la date de renvoi peut être changée. Des audiences prévues le 5 janvier ont eu lieu le 2", a-t-elle souligné. Elle a indiqué que son mandant, Abdelouahab Fersaoui, a été entendu dans le fond le 3 décembre dernier. Le juge d'instruction n'a pas encore rendu sa décision. C'est aussi le cas pour Fodil Boumala et de Samir Belarbi. "Nous verrons plus clair ce dimanche (aujourd'hui, ndlr). Je me rendrai au tribunal de Sidi M'hamed à la première heure, afin de m'enquérir de la situation", a-t-elle assuré.
Contactée, Me Zoubida Assoul a relevé des vices de procédure dans la libération des détenus d'opinion et a rappelé que les avocats n'étaient nullement informés de ces programmations massives et hâtives. Ce qui l'a amenée à parler de "décision politique. Le grand perdant dans cette affaire est la justice. Le citoyen pensait qu'elle n'était pas indépendante. Il en a eu la confirmation", a-t-elle regretté. Elle n'a, toutefois, aucune visibilité sur le sort des détenus laissés en rade.
"La démarche répond à une feuille de route opaque. Nous ne connaissons pas les motivations du pouvoir. Les ordonnances portant liberté provisoire émises jeudi sont peut-être liées à l'annonce du gouvernement. Nous ne pouvons donc pas savoir quelles sont les décisions prises pour les autres détenus", a-t-elle estimé. Me Abdelghani Badi a interprété les événements sous une optique différente.
"À mon avis, tous les prisonniers d'opinion seront libérés dans les prochains jours. Le régime veut se débarrasser de ce fardeau pour pouvoir entamer une nouvelle étape politique", nous a-t-il livré. Il a rappelé que dès le début, les détentions entraient dans un processus politique emballé par des procédures judiciaires.

Souhila Hammadi


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)