Algérie

Une centaine d'hectares détournés de leur vocation



La wilaya de Jijel compte 19 zones d'expansion touristique créées à la fin des années 1980 en vertu du décret numéro 88/232 daté du mois de novembre 1988, a-t-on appris auprès des services de la Direction du tourisme et de l'artisanat.Ces zones s'étendent sur une superficie de 4 232 hectares reparties sur les neufs communes côtières dont la plus grande est celle de Oued Zhor, relevant de la commune d'El Milia avec 1 327 hectares suivie par celle de Beni Belaïd, relevant de la commune de Kheiri Oued Adjoul avec 482 hectares.
Cependant, la réalité de terrain de ces ZET est toute autre car la quasi-totalité de ces ZET se trouve dans un état d'abandon, faute des travaux d'aménagement. Il convient de souligner, par ailleurs, que certaines ZET ont été détournées de leur vocation initiale soit par les pouvoirs publics en vue d'implanter des équipements publics stratégiques ou autres dont entre autres le port de Djendjen, la centrale électrique d'Achouet, le chemin de fer reliant Jijel à Constantine, soit par des citoyens qui ont érigé une nuée des constructions illicites sur ces terrains face au laxisme des services concernés.
Ajoutons à cela l'attribution controversée des centaines d'hectares d'assiettes foncières au milieu des années 1990 à des pseudo-investisseurs dans le cadre du Calpi pour la réalisation des projets qui n'ont jamais vu le jour. Pour l'anecdote, au début de l'année 2000, un cas social demandeur de logement social dans la commune d'El Milia s'est retrouvé «accidentellement» bénéficiaire d'une concession d'une grande assiette foncière pour la réalisation d'un complexe 4 étoiles. A cet effet, une simple virée à la splendide côte jijelienne qui s'étend sur 120 km nous renseigne sur ce gâchis car ces pseudo-investisseurs se sont accaparés de «Rezk el beyleck» sans réaliser la moindre bicoque au su et au vu de tous.
Interrogé par nos soins il y a quelques années sur un éventuel assainissement du dossier du foncier touristique et la restitution des terrains vierges, un ancien wali qui a marqué son passage à Jijel était clair «j'ai du mal à faire face à cette jungle foncière». Le triste aveu d'un commis de l'Etat car certains de ces pseudo-investisseurs ont des ramifications et des protections en haut lieu, la faiblesse des élus locaux qui cherchent eux aussi des rentes pour monter leurs affaires afin de profiter d'une retraite paisible, une fois hors de ces circuits de privilèges et d'allégeances.
Il ya lieu de rappeler que l'ancien wali Larbi Merzoug a mené une guerre sans merci contre les constructions illicites et les spéculateurs fonciers de tous bords en restituant 24 hectares d'une partie de la ZET de Adouane Ali, qui était squattée par un bidonville en recourant à la force publique pour déloger les squatteurs qui man?uvraient pour une éventuelle opération de leur recasement alors que certains d'entre eux étaient des commerçants connus sur la place locale.
Sur une autre plan, parallèlement à cette situation de statu quo qui arrange les affairistes de tous bords, des élus locaux ont proposé l'annulation de sept ZET qui ne sont pas en mesure d'abriter des investissements et dont la superficie est de l'ordre 500 hectares. Il s'agit des ZET de Casino, Beni Kaïd, Ouled Bounar relevant de la commune de Jijel, Aftis dans la commune d'El Aouana, Taza, Boubletane et Ouldja dans la commune de Ziama Mansouriah ainsi que la révision de la délimitation de la ZET de Adouane Ali, El Aouana, Sidi Abdelaziz, Beni Belaid, El Kennar. A signaler, en outre, que de nombreux citoyens qui habitaient depuis longtemps à l'intérieur de ces ZET ont du mal à régulariser leurs habitations dans le cadre de la loi 08/15 portant conformité des bâtisses en dépit de leurs démarches bien que certaines d'entre elles soient réalisées dans des lotissements étatiques créés par l'Agence foncière de wilaya.
Il convient de souligner que seule la ZET d'El Aouana qui s'étend sur une superficie de 197 hectares a connu le démarrage des travaux de sa réalisation comme futur pôle touristique susceptible d'abriter 3 210 lits et pourrait créer 6 000 emplois, selon les prévisions de la Direction du tourisme de Jijel.
On apprend aussi que l'étude pour l'aménagement de la ZET de Adouane-Ali dans la commune de Jijel est en cours alors qu'on chuchote çà et là que trois «heureux investisseurs» ont déjà eu leurs décisions en poche bien avant l'achèvement de l'étude.
Bouhali Mohammed Cherif


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