UNE CARESSE POUR LA FOURMILIERE

Des changements et des permutations à la tête des plus importantes insti tutions et entreprises publiques ont eu lieu en ce début de semaine. Sonatrach, Air Algérie et plusieurs banques ont vu leurs gérances changer de mains à la faveur d'une décision présidentielle. Il n'est nul besoin de s'appesantir sur la forme avec laquelle cette décision a été prise et il est sans doute superflu de s'attarder sur le premier et court communiqué de la présidence qui avait indiqué que le président de la République avait exigé que les têtes de ces mastodontes soient changées. Il faudra laisser les supputations autour de cette manière de faire à ceux qui jonglent avec les devinettes tant il est difficile de bien cerner les gestes et l'esprit actuels du premier responsable du pays. On ne peut en effet que s'étonner de cette curieuse exigence formulée par Bouteflika quand il a le pouvoir de nomination sans en référer à personne.Ces changements et ces banales mutations aux fausses couleurs de petites révolutions de palais ont la prétention de donner un coup de pied dans la fourmilière en réponse aux scandales et aux affaires graves qui ont secoué sérieusement le pays jusqu'à donner des indices probants sur des secousses dangereuses au c?ur du pouvoir.A l'évidence, les véritables causes de la faillite d'une gouvernance ne sont pas reconnues et les nouvelles nominations ne font que donner du dos à la réalité du problème. Remettre le pays sur des rails solides ne réclame pas seulement des permutations de faciès. Car il s'agit en vérité de donner un nouveau profil à tout un peuple et il est légitime de se demander si les simples fards avec lesquels viennent de se parer les névralgiques entreprises algériennes vont venir à bout de l'enchevêtrement devenu inextricable des tares d'une nation en danger.Il y a sans conteste de nombreux éléments hautement positifs dans les dernières décisions du Conseil des ministres. Mais qu'en sera-t-il de leur application dès lors que la longue chaîne d'exécution est l'otage d'un asservissement politique et social à toute épreuve 'Permuter deux ou quatre PDG ne serait donc qu'une caresse prodiguée à la fourmilière. Même si les échanges se font à grands cris, en tapant sur la table.