Algérie

Une campagne sous extrême tension



À partir d'aujourd'hui, les cinq postulants à la magistrature suprême négocieront le dernier virage d'une course électorale qui s'est déroulée jusque-là dans un contexte d'extrême tension.La campagne électorale a bouclé, hier, son quatorzième jour, avec des meetings dans des salles vides et des discours redondants qui peinent à convaincre. À partir d'aujourd'hui, les cinq postulants à la magistrature suprême aborderont le dernier virage d'une course électorale qui s'est déroulée, dans un contexte d'extrême tension, marquée par des manifestations contre le scrutin du 12 décembre, des arrestations massives des protestataires et des appels au boycott. Le bilan de ces deux dernières semaines fait ressortir une campagne en vase clos devant un public peu nombreux et déjà acquis. Face à des manifestations qui ne se limitent plus aux traditionnels vendredis et mardis, les différents postulants au poste suprême ont, en effet, eu du mal à se faire entendre. Leurs sorties, fortement encadrées par les services de sécurité, sont chahutées. Alors qu'aux abords des salles fermées, des opposants scandent des slogans hostiles. Au moins cinq meetings ont été annulés faute de conditions favorables à leur tenue. Avant-hier, pas un seul sympathisant ne s'est déplacé au meeting d'Abdelkader Bengrina qui devait se dérouler à la salle communale Bachir-Ibrahimi au centre-ville de Bordj Bou-Arréridj. La mort dans l'âme, Abdelkader Bengrina a dû se retrancher chez l'un de ses proches. Ali Benflis a également fait face, le même jour, à une faible assistance à Mascara, alors qu'Abdelaziz Belaïd a effectué une sortie sous haute tension à Sétif, à cause d'une forte mobilisation des hirakistes près de la salle omnisports où il devait faire son discours. Devant un terrain trop risqué ? à l'exception d'Ali Benflis ?, les différents candidats ont mené l'essentiel de leur campagne sur des plateaux des médias audiovisuels publics et privés, où l'opposition, vilipendée, n'a plus droit de cité. Tous ont soutenu que le prochain scrutin présidentiel est le "moyen le plus sûr pour une sortie de crise". Au-delà des actions de protestation, les faits et gestes des compétiteurs sont régulièrement raillés sur les réseaux sociaux. Les larmes versées en écoutant un poème ou un verset du Coran ont fait le buzz. Comme la vidéo d'Abdelkader Bengrina faisant sa prière sur un trottoir, avec chaussures et lunettes de soleil. Sans dire un mot sur les violences policières contre les manifestants qui multiplient ces derniers jours les actions de rejet de l'élection, les candidats à la magistrature suprême ont, en revanche, beaucoup commenté la résolution votée jeudi dernier, par le Parlement européen, sur la situation des libertés en Algérie. Ali Benflis, qui a animé hier deux rassemblements successivement à Sétif et à Batna, a qualifié cette résolution "d'ingérence flagrante dans les affaires internes", estimant que "la crise ne saurait être résolue que par le peuple". Le postulant au poste suprême a, par la suite, surfé sur la vague des maux sociaux, en promettant d'ouvrir le dossier des retraités de l'armée, de prendre en charge les préoccupations du corps médical, d'accorder un vif intérêt aux classes moyennes et de réduire la condition d'âge pour accéder aux postes de responsabilité. Depuis Chlef, Azzedine Mihoubi s'est également attardé, en ce quatorzième jour de campagne électorale, sur le rejet de la résolution du Parlement européen, tout en s'engageant, par ailleurs, à soutenir l'investissement dans le secteur pharmaceutique et à relancer l'activité des microentreprises créées dans le cadre de l'Ansej. Pour Abdelkader Bengrina qui s'exprimait à partir de Constantine, "les Algériens doivent exprimer leur refus de l'ingérence étrangère dans les affaires du pays". Le candidat et ex-Premier ministre Abdelmadjid Tebboune a, quant à lui, marqué, hier, pour la énième fois, une pause dans son périple électoral.

N. H.


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