Algérie

Une campagne sans public, une compétition sans adversaires



Entourée d'une dizaines de personnes qui buvaient ses paroles comme un assoiffé avale la cruche, Madame Fatma-Zohra Zerouati délivre son oracle comme une déesse en mission. Tout le monde aura compris le subterfuge, puisque l'image suggère la spontanéité d'une rencontre et ce que cela implique comme propos de la femme politique en campagne électorale et ? éventuellement ? comme réplique de ceux auxquels elle s'adressait. Dans le genre de techniques de campagne qui consiste à aller vers les citoyens, désormais consacrée dans la formule de « proximité », on pouvait même espérer, voire rêver ou fantasmer une ferme contradiction et, tant qu'à faire, quelques rappels de bilan. Mais voilà, il n'y avait que Madame la présidente du Tadjamoû Amal El Djazaïr qui parlait et ceux qui l'entouraient étaient là pour... l'entourer, dans un décor et une posture qui laissaient croire qu'ils étaient là... par hasard. Dans la foulée, l'image suggérait aussi que - comme par hasard aussi ' - tout ce qu'elle disait passait comme une lettre à la poste, avec les gestes comme signes d'admiration et de reconnaissance. On arrive à plus important pour nous rappeler que Tadjamoû Amal El Djazaïr, c'est... TAJ ! C'est ce sigle qui dit quelque chose aux Algériens et on n'a pas vraiment besoin de réfléchir pour se rappeler que ce n'est pas quelque chose d'agréable. Et plus important encore. Si ça se trouve, même Madame Zerouati ne dit rien aux Algériens. Elle a beau avoir été journaliste devenue ministre de Bouteflika, elle a beau avoir une voix qui ne s'oublie pas et l'une des rares femmes à diriger un parti, on retient surtout qu'elle a succédé à Ammar Ghoul, l'homme de l'autoroute Est-Ouest, l'homme d'autres casseroles aussi épaisses et bruyantes les unes que les autres, l'homme qui jouait au foot et l'homme qui est en prison. Evidemment, personne n'en touchera un homme à Madame Zerouati. Ceux qui sont là ne sont pas là pour ça et elle non plus. C'est la campagne électorale. C'est même la campagne de... proximité avec tout ce que cela implique comme spontanéité et comme... liberté ! Et la contradiction ' Et les adversaires, alors ' Personne n'est là pour ça. Ni Madame Zerouati, ni les autres. Elle n'est pas la seule dont l'ancien patron est en prison, il y en a même qui en sont sortis, vous vous rendez compte ' Et puis les candidats et leurs états-majors ne sont pas là pour se contredire, ils sont seulement des... adversaires, n'est-ce pas ' Et le public, alors ' Ne croyez surtout pas qu'ils regrettent son absence, ils n'en veulent pas, c'est un pari risqué.S. L.


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